À l’occasion du 15e anniversaire de la publication du rapport Mapping qui documente les violations graves des droits humains en RDC entre mars 1993 et juin 2003, le Dr Denis Mukwege a dénoncé l’absence de volonté politique des autorités congolaises pour mettre en œuvre les recommandations formulées dans ce rapport.
Dans une déclaration faite ce 1er octobre, le Prix Nobel de la paix 2018 a souligné qu’« aucune initiative sérieuse » n’a été entreprise en matière de poursuites pénales et de réformes institutionnelles.
Le fondateur de Panzi a exprimé sa déception face à la persistance de l’impunité qui entoure les crimes les plus graves de l’histoire récente de la RDC.
« La publication de ce rapport avait pour ambition de mettre fin à la culture de l’impunité concernant les atrocités commises », a-t-il indiqué dénonçant la présence des seigneurs de guerre dans les forces de sécurité et dans les institutions gouvernementales.
Mukwege a également critiqué le mécanisme de justice transitionnelle, notamment les réparations qu’il a qualifié de « goût amer ».
Il a mis en exergue les allégations de détournement de fonds destinés à la réparation des victimes, notamment par les responsables du Fonds national de réparation des victimes de violences sexuelles et des crimes de guerre (FONAREV) et du Fonds spécial de réparation et d’indemnisation aux victimes des actes illégaux de l’Ouganda en RDC (FRIVAO). Ces deux fonds, créés en 2022, avaient pour mission d’exécuter l’arrêt historique de la Cour internationale de justice relatif à l’indemnisation des victimes.
Face à ces allégations accablantes, Denis Mukwege a appelé à une enquête indépendante pour faire toute la lumière sur ces allégations, afin d’éviter que la RDC ne devienne un « État patrimonial et prédateur, insultant les victimes congolaises et la mémoire de millions de morts ».
Dans un rapport publié le 24 septembre dernier, le Centre de recherche en finances publiques et développement local (CREFDL) a alerté sur le siphonnage de plus 100 millions de dollars américains des victimes de la guerre de Kisangani.
Cette structure qui milite pour la transparence et la bonne gouvernance affirme que sur un total de 105 millions de dollars qui devraient financer les indemnisations des victimes de la guerre de Kisangani, FRIVAO n’a versé, jusqu’au 8 octobre 2024, des indemnités aux personnes victimes qu’à hauteur de 2 millions dollars américains.
Mont Carmel NDEO