Bruno Lemarquis, représentant spécial adjoint du secrétaire général des Nations-Unions en République démocratique du Congo et coordonnateur de l’action humanitaire de cette organisation a, lors de son passage ce mercredi 28 février 2024 sur les ondes de la Radio France Internationale (RFI), expliqué de manière précise la situation actuelle des populations déplacées de guerre dans la partie Est de la RDC.
« On peut la qualifier de dramatique. Il y a eu une aggravation de la situation sécuritaire en 2023, début 2024. Et forcément, ça entraîne une aggravation de la situation humanitaire qui est déjà, elle-même une des plus graves, une des plus sérieuses au monde, une des plus complexes et elle est une des plus négligées au monde. Il y a 1,2 million de personnes qui ont été déplacées au Nord-Kivu suite à la crise sécuritaire causée par le M23/RDF, depuis la résurgence de ce mouvement en 2022. Au total, en RDC, il y a 6,7 millions de personnes qui sont des déplacées internes. C’est absolument gigantesque et je vais vous donner d’autres chiffres, qui sont encore plus effrayants. Pour la province de l’Ituri, il y a 40% de la population déplacée. Et pour la province du Nord-Kivu, 28% de la population déplacée en interne. Donc ce sont des chiffres qui sont vraiment hors de proportion» a-t-il déclaré.
Poursuivant ses propos, Bruno Lemarquis, représentant spécial adjoint du secrétaire général de l’ONU en RDC a fait savoir qu’il y a un nombre très élevé sur les multiples cas de violences sexuelles basées sur le genre dans ce coin du pays.
« Alors en 2023, les cas qui ont été rapportés, mais c’est certainement la pointe de l’iceberg, c’est 110.000 cas de violences sexuelles, violences basées sur le genre, notamment à l’Est et dans les sites de déplacés autour de Goma. 500.000 personnes sont autour de la ville de Goma sur un espace géographique très réduit, dans des conditions de promiscuité vraiment très mauvaises. Il y a énormément de problèmes pour fournir l’aide humanitaire, il y a énormément de défis à ce niveau-là. Et donc dans ces sites-là, en particulier, il y a eu une augmentation exponentielle des cas de violences sexuelles » Dit-il.
Et de renchérir:
« Il y a 25 millions de personnes, un peu moins d’un Congolais ou d’une Congolaise sur 4, qui sont en situation d’insécurité alimentaire. C’est le chiffre le plus grand au monde. Ensuite, il y a des personnes qui ont des vulnérabilités multiples et donc ce plan de réponse humanitaire vise à apporter une assistance d’urgence à 8,7 millions de personnes, ce qu’on appelle les personnes ciblées. C’est une crise qui dure depuis trente ans avec les mêmes causes, une des causes principales c’est l’exploitation des ressources naturelles, c’est également le manque de solutions politiques, etc. Donc oui, il y a une crise qui dure depuis 30 ans, c’est la crise humanitaire la plus prolongée au monde » Souligne-t-il
Il faut rappeler qu’il y a quelques jours passés, l’ONU avait déclaré qu’elle est à la recherche de 2,6 milliards de dollars pour répondre à cette crise humanitaire alarmante dans la partie Est de la RDC.