Lors d’un entretien réalisé dimanche 25 août 2024 dans la ville de Goma chef-lieu de la province du Nord-Kivu, le représentant de l’Organisation Mondiale de la Santé en République démocratique du Congo (RDC) le Docteur VINCENT SANVURA, s’est exprimée sur l’origine de la propagation de la variole du singe (MONKEYPOX) dans ce coin du pays.
Selon ce médecin, la cause principale qui favorise la multiplication de l’épidémie de la variole du singe dans cette partie Est de la République démocratique du Congo fait suite à la fuite des malades dans les centres de santé par manque de nourriture.
« La situation devient de plus en plus inquiétante. Tout d’abord, la maladie touche davantage la tranche d’âge la plus vulnérable que sont les enfants. Or, nous approchons de la rentrée scolaire (ce sera le 2 septembre) et les écoles sont des lieux de rassemblement. La situation inquiète aussi vu la célérité de la maladie, cela a commencé du côté de KATUNGA et au bout de quelques mois, elle s’est répandue dans toute la province. La zone de santé de MITI-MURHESA (où son projet One HEALTH est actif et située au nord de Bukavu, NdlR) reste en pole position en termes de cas. Ce qui nous inquiète aussi pour notre zone de santé est qu’elle se trouve au carrefour de plusieurs routes, dont celle de Goma. Des cas asymptomatiques peuvent facilement se retrouver dans les zones indemnes pour se manifester plus tard et faire éclore la maladie dans ces endroits. On ne sait pas contrôler ces mouvements de population» a expliqué Docteur VINCENT SANVURA.
Et d’ajouter :
« Vu les capacités d’accueil faible. Et plus il y a débordement, plus il y a risque de propagation. En effet, paradoxalement, les hôpitaux eux-mêmes peuvent être des lieux de contamination importants. En effet, ici, vu les difficultés du système de santé, les hôpitaux ne fournissent ni nourriture ni garde-malade ; c’est la famille du patient qui s’en charge. Lorsque les enfants sont atteints, ils sont accompagnés de leurs parents, ils passent tous la nuit dans une même chambre ce qui fait que l’enfant peut facilement contaminer la mère ou les familiers qui apportent à manger. En outre, lorsqu’un enfant est malade, on ne peut pas refuser de les toucher. On le soutient psychologiquement dans sa souffrance et les proches sont alors exposés à la maladie. Cette absence de nourriture dans les hôpitaux a même poussé des malades qui se trouvaient en quarantaine dans des centres de santé de KAMITUGA à s’évader pour s’alimenter, et cela a contribué à propager la maladie ailleurs» a souligné ce représentant de l’OMS.
Il faut signaler que, l’Institut National de Santé Publique (INSP) a souligné que le cumul des cas en 2024 passe à 18.077 cas suspects, dont 4.843 cas confirmés, 615 décès avec une létalité de 3.4% sur l’ensemble du territoire national.
HERVE KABWATILA