Le président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et archevêque métropolitain de Lubumbashi, dans la province du Haut-Katanga, monseigneur Fulgence Muteba, a interpellé les autorités congolaise sur la nécessité d’œuvrer pour l’instauration d’un véritable Etat de droit en République démocratique du Congo.
Dans son homélie en marge de la messe d’installation du comité national du consortium des magistrats et avocats baptistes catholiques (CMABAC), l’archevêque de Lubumbashi a paraphrasé l’auteur du livre biblique des Proverbes qui déclare que « la justice élève une Nation ».
« Dans une société d’humains, quand manquent la justice, le droit et sans doute la paix parce que les droits sont liés, ça signifie que cette société-là n’est pas loin d’être une écharde. J’ai dit ça pour souligner l’importance du droit, l’importance de la justice dans une société et ça, c’est depuis très longtemps que ça a été souligné. L’auteur du livre des Proverbes chapitre 14 avait vu juste quand il soulignait avec insistance que la justice élève une nation », a déclaré d’entrée Mgr Fulgence Muteba soulignant que la société ne peut décoller ni atteindre la grandeur sans justice.
« Une société où la justice et les droits sont en crise ne peut pas atteindre sa grandeur. Ça devient un espace de l’arbitraire, sinon de la violence. Figurez-vous, si vous n’avez plus le moindre droit, vous vous imaginez un tout petit peu comment une société peut fonctionner. Parce que même pour stationner votre véhicule sur le parvis de la cathédrale, c’est votre droit en tant que vous venez prier ici, mais si quelqu’un vous refuse ce droit-là, vous vous imaginez un peu ce que ça peut être. Je ne prends que ce petit exemple pour dire effectivement, pour qu’une société puisse être appelée société, il faut qu’ils y régnent la justice et les droits », a illustré le président de la CENCO.
Face aux magistrats et avocats baptistes catholiques, Mgr Fulgence Muteba a appelé à l’engagement collectif pour une justice équitable précisant que celle-ci demeure le socle et le pilier d’une nation forte et prospère.
« C’est pour cette raison que l’auteur du livre des Proverbes a dit laconiquement, je ne dis pas ce qu’il souille, parce qu’il dit que la justice élève une nation, le péché est la honte des peuples. Je m’arrête à la première partie de ce verset. Et quand le Christ est venu dans ce monde, alors qu’il prenait la parole pour la première fois en public, il monta au sommet d’une montagne et il prononça le célèbre serment sur la montagne. Et dans ce serment, le Christ a dit « Heureux ceux qui ont faim et soif de justice. C’est pour montrer encore une fois que la justice est irremplaçable dans une société. Cette justice, dira-t-il plus tard, est même la caractéristique du royaume qu’il est venu instaurer dans ce monde », a martelé l’archevêque de la ville de Lubumbashi.
L’interpellation du prélat catholique intervient dans un contexte où la justice congolaise est souvent elle-même au banc des accusés. Le Président Félix Tshisekedi a souvent qualifié la justice congolaise de « malade », mettant en exergue la corruption, la politisation des procédures judiciaires et l’instrumentalisation de la justice.
Bien que des états généraux de la justice aient été organisés en novembre 2024 pour envisager des réformes, le système judiciaire reste en proie à des dysfonctionnements persistants.
Mont Carmel NDEO