Le Prix Nobel de la paix Denis Mukwege est monté au créneau pour dénoncer les stratégies mises en place par les autorités de la RDC pour contenir l’avancée des rebelles du l’AFC-M23 et l’armée rwandaise (RDF) dans les provinces du Nord et Sud-Kivu, dans l’est du pays.
Réagissant au récent rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme documentant le massacre de 319 civils, dont 48 femmes et 19 enfants, entre le 9 et le 21 juillet dans le territoire de Rutshuru, le célèbre gynécologue a violemment critiqué l’accord de paix signé à Washington par la RDC et le Rwanda ainsi que la déclaration de principes conclu à Doha avec les rebelles de l’AFC-M23.
Pour Mukwege, ces accords s’apparentent à un trompe-l’œil pour laisser le champ libre au Rwanda et à ses supplétifs pour continuer l’occupation des territoires congolais, piller les ressources naturelles et massacrer les populations civiles.
Il dénonce l’incapacité de Kinshasa à endiguer la menace privilégiant les tâtonnements.
« La situation sécuritaire ne cesse de se détériorer sur le terrain, et les populations de l’Est de la RDC continuent de payer un lourd tribut. Pendant ce temps, les rebelles poursuivent leur progression jusque dans de nouvelles localités du Sud-Kivu. Les espoirs placés dans les prétendus cessez-le-feu issus des accords de Washington et de Doha se sont avérés n’être qu’une façade qui ne fait qu’endormir la vigilance internationale et laisser le champ libre aux agresseurs, pendant que Kinshasa s’obstine dans une série de tâtonnements sans fin, semblant incapable d’appréhender la mesure de l’enjeu », a argué Mukwege précisant que cet énième acte reflète la barbarie à laquelle le peuple congolais est confronté depuis trois décennies.
Opposé à ces différentes initiatives diplomatiques, l’homme de Panzi affirme que la solution à la crise dans la partie orientale du pays ne viendra ni de l’orient ni de l’occident.
« Personne ne viendra sauver le Congo à notre place. Combien de Congolais devront encore être sacrifiés pour que la classe politique congolaise prenne conscience et transcende les intérêts partisans afin de se dresser en rempart face à ce projet d’extermination de notre peuple et de balkanisation de notre pays », a rétorqué ce candidat à la présidentielle de décembre 2023.
Depuis la signature de la déclaration de principes en juillet, les forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont suspendu les offensives contre les rebelles de l’AFC-M23 afin de faire avancer les négociations.
Cependant, les rebelles ont intensifié les attaques sur les lignes de front au Nord ou au Sud-Kivu. Soutenus par l’armée rwandaise, les rebelles ont conquis plusieurs agglomérations notamment Kanyola, Muzinzi, Ciruko et une partie de Mulamba.
Mont Carmel NDEO