Le coordonnateur humanitaire des Nations Unies en République démocratique du Congo (RDC), Bruno Lemarquis, a appelé dimanche 28 septembre 2025 à un changement de paradigme dans l’assistance aux populations affectées par les conflits. Lors d’une visite sur le terrain à Sake, dans le territoire de Masisi au Nord-Kivu, il a encouragé les acteurs humanitaires à privilégier le relèvement des personnes retournées dans leurs milieux de vie, plutôt que l’aide concentrée dans les sites de déplacés.
« Il faut changer de logique : de l’assistance humanitaire dans des sites au processus de relèvement des retournés dans leurs milieux », a déclaré M. Lemarquis lors de cette visite, qui s’inscrivait dans le cadre de l’examen des projets communautaires soutenus par les organisations du système des Nations Unies.
Bruno Lemarquis a insisté sur le fait que de telles initiatives doivent être organisées dans d’autres provinces de la RDC.
« C’est vraiment encourageant de voir qu’on est sorti d’une logique vraiment d’assistance humanitaire dans les sites. Il faut appuyer ces gens qui rentrent chez eux, surtout ces femmes et ces filles qui ont beaucoup souffert ces dernières années. On sait que la situation n’est pas facile, mais au niveau de la population, c’est important toujours d’appuyer la population », a fait savoir.
IL pense aux citoyennes et citoyens congolais ayant souffert ces dernières années, à leur appuyer au retour dans leur processus de relèvement.
« Aider les gens à reprendre un peu d’activité économique pour qu’ils puissent de nouveau toucher un peu de revenus pour permettre à leurs familles, à leurs enfants, etc., de reprendre une vie normale. Donc c’est vraiment important de changer de paradigme de changer de logique et d’aller vers une logique de relèvement », a conclu Bruno Lemarquis.
Une visite axée sur l’autonomisation des vulnérables
Accompagné d’une délégation onusienne, le haut fonctionnaire a découvert les initiatives locales mises en œuvre avec l’appui des agences de l’ONU. Parmi les temps forts de cette journée, la visite de la coopérative agro-pastorale « Tuungana » dont le nom signifie « Unissons-nous » en swahili a retenu l’attention. Cette structure encadre des centaines de femmes et de jeunes filles retournées dans la région, souvent vulnérables après des années de déplacement forcé dues aux violences persistantes dans l’est de la RDC.
La coopérative exécute un projet financé par les Nations Unies, visant l’autonomisation économique et la promotion de la cohésion sociale. À travers des activités agricoles et pastorales, les bénéficiaires reçoivent une formation, des intrants et un soutien pour relancer leurs activités productives. « Ces initiatives montrent que le retour n’est pas une fin en soi, mais le début d’un processus de reconstruction durable », a souligné un responsable de la coopérative, sous couvert d’anonymat.
Contexte d’une crise humanitaire prolongée
Le Nord-Kivu reste l’une des provinces les plus touchées par la crise humanitaire en RDC, avec plus de 7 millions de déplacés internes à travers le pays, selon les estimations des Nations Unies. À Masisi, les affrontements entre groupes armés et forces gouvernementales ont forcé des milliers de familles à fuir leurs villages, créant une dépendance accrue à l’aide d’urgence dans des camps surpeuplés.
L’appel de Bruno Lemarquis s’inscrit dans une stratégie plus large de l’ONU pour passer d’une réponse immédiate à une assistance à long terme. « Les sites de déplacés ne peuvent pas être une solution permanente. Il est temps d’investir dans le retour et la résilience des communautés », a-t-il ajouté, appelant les partenaires humanitaires et les autorités congolaises à coordonner leurs efforts.
Les représentants des organisations locales et onusiennes ont salué l’engagement de M. Lemarquis, espérant que ses recommandations influenceront les priorités futures. Pour l’heure, à Sake, les femmes de « Tuungana » continuent de cultiver la terre, symboles d’une lueur d’espoir au milieu des défis persistants.
HERVÉ KABWATILA