Human Rights Watch a critiqué la peine de mort prononcée à l’encontre de l’ancien président Joseph Kabila pour divers chefs d’accusation y compris la trahison et des crimes de guerre.
Cette organisation internationale qui milite pour le respect des droits humains affirme que cette décision judiciaire met en évidence le fragile équilibre entre l’obligation de rendre des comptes et la stabilité politique en RDC.
Selon le directeur Afrique centrale, Lewis Mudge, « ce procès avait toutes les caractéristiques d’une vendetta politique », menaçant à la fois l’État de droit et l’avenir démocratique du pays.
« Il est incontestable que la RDC a connu des violations catastrophiques des droits humains sous différents gouvernements successifs et que les anciens hauts fonctionnaires devraient répondre de leurs méfaits. Les forces de sécurité gouvernementales ont commis de nombreux abus pendant les 18 années au pouvoir de Joseph Kabila. Human Rights Watch et d’autres organisations ont appelé à plusieurs reprises à ce que justice soit rendue. Cependant, la reddition de comptes perd tout son sens lorsqu’elle se fait à travers des processus qui s’apparentent à des simulacres de procès », a-t-il lancé.
Pour étayer son analyse, le directeur Afrique centrale de HRW souligne que la Haute Cour militaire qui a jugé l’ex-Chef de l’Etat par contumace et sans la présence d’un avocat de la défense, a violé le principe d’un procès équitable prévu par le droit international relatif aux droits humains.
Il a évoqué l’interprétation de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples faite par la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP). Elle dispose que les tribunaux militaires « ne devraient en aucun cas avoir compétence sur les civils ».
« Le moment choisi pour ce procès est également suspect. Joseph Kabila reste une figure majeure de la politique congolaise, et le président Félix Tshisekedi pourrait le considérer comme une menace politique alors que le gouvernement lutte contre le groupe armé M23 soutenu par le Rwanda, dans l’est de la RD Congo », a-t-il ajouté.
Pour cette organisation, les poursuites judiciaires « précipitées et d’une flagrante iniquité » à l’encontre de Joseph Kabila ressemblent moins à « une quête de justice qu’à une stratégie calculée visant à éliminer un adversaire politique, remettant en question l’intégrité de l’ensemble du système judiciaire congolais ».
« Ce procès indique que le droit à un procès équitable est conditionnel, dispensable lorsqu’il dérange, sapant le principe même de l’égalité devant la loi », a martelé .
Parallèlement, l’organisation a encouragé la RDC de cogiter sur la mise en place des institutions solides pour traduire en justice les responsables d’abus passés et présents et de cesser d’utiliser les tribunaux pour régler des comptes politiques.
« Le procès de Joseph Kabila n’est pas un triomphe de la justice : c’est plutôt un signal d’alarme qui annonce une dérive autoritaire de plus en plus marquée », a conclu le directeur Afrique centrale de HRW.
Mont Carmel NDEO