Disparu des radars depuis sa condamnation en mai dernier, le député national et ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo a refait surface à Nairobi (Kenya), où se tient un conclave réunissant des acteurs politiques de l’opposition et de la société civile, convoqué par l’ancien Président Joseph Kabila.
En marge de ce rassemblement, l’élu de Kindu, dans la province du Maniema, s’est exprimé pour la première fois concernant sa condamnation à 10 ans de prison.
Matata Ponyo a contesté l’arrêt de la Cour constitutionnelle, affirmant avoir été jugé et condamné en violation de la Constitution.
« Même si vous n’êtes pas juriste, vous savez que la Constitution congolaise réglemente la manière dont une personne doit être jugée, condamnée et arrêtée. Nul ne peut être jugé que conformément à la loi et selon les normes qu’elle établit », a-t-il déclaré d’emblée.
Le Président national du parti LGD et candidat à la présidentielle de 2023 a précisé que la Haute Cour, qui le poursuivait pour des faits de détournement de fonds publics survenus alors qu’il était Premier ministre, a violé la loi fondamentale du pays à de multiples reprises.
« Mais j’ai été jugé en dehors de la loi. La Constitution a été violée plus de 50 fois. Que dit la Constitution ? Ce qui n’est pas conforme à la Constitution est nul et sans effet. Ainsi, je n’ai pas été condamné. La Constitution stipule que si quelqu’un est condamné en dehors de la loi, cette condamnation est nulle et sans avenir. Donc, je n’ai pas été condamné. La Constitution invalide cette condamnation. Donc, je n’ai pas été condamné », a-t-il pesté.
Après une longue procédure judiciaire, la Cour constitutionnelle de la République Démocratique du Congo a prononcé, le 20 mai, une peine de 10 ans de prison à l’encontre de Matata Ponyo pour détournement de fonds publics.
Il a été reconnu coupable d’avoir détourné plus de 156 millions de dollars américains destinés au projet du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo, une initiative ambitieuse censée promouvoir l’autosuffisance alimentaire en RDC. Ce projet, qui aurait pu transformer le paysage agricole du pays, a été entaché par des accusations de corruption et de mauvaise gestion.
Durant le procès, Matata Ponyo et ses proches ont rejeté les accusations, qualifiant le procès de manœuvre politique visant à le discréditer. Selon eux, cette condamnation est le résultat d’une volonté manifeste d’écarter un acteur politique influent de la scène publique.
Matata Ponyo avait également contesté la compétence de la Cour constitutionnelle, arguant que ses immunités parlementaires devraient le protéger.
Mont Carmel NDEO