Dans une déclaration ferme prononcée ce vendredi 12 décembre 2025 devant le Conseil de sécurité des Nations unies à New York, la France a appelé au retrait immédiat des forces rwandaises du territoire congolais et à la cessation des offensives menées par le groupe rebelle M23, soutenu par Kigali, dans la région instable de l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
La France a souligné lors de la session d’urgence que la présence rwandaise constitue une « violation flagrante de la souveraineté congolaise » et risque d’aggraver une crise humanitaire déjà alarmante. « La France, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, ne peut tolérer ces ingérences étrangères qui sapent les efforts de paix dans la région des Grands Lacs », a-t-il déclaré, citant des rapports d’experts de l’ONU confirmant l’implication directe du Rwanda dans les opérations du M23.
« La présidence du comité 1533 de sanction sur la situation en République démocratique du Congo. Je salue enfin la présence de la ministre d’État, la ministre des Affaires étrangères de la République démocratique du Congo, Son Excellence Madame Thérèse Kayikwamba Wagner, ainsi que la présence des représentants du Rwanda et du Burundi. Nous nous réunissons alors que le M23, soutenu par les forces rwandaises de défense, a lancé une offensive sur Ouvira cette semaine, quelques jours à peine après la signature de l’accord de Washington le 4 décembre. Cette situation ne peut qu’interpeller le Conseil au moment même où ses membres délibèrent sur le renouvellement du mandat de la MONUSCO. J’insisterai à ce point sur trois messages. Tout d’abord, l’offensive du M23, soutenue par les forces rwandaises de défense, met en péril la stabilité régionale et compromet la sécurité des civils. » A déclaré la France lors de cette réunion en urgence sur la situation de la RDC.
Et d’ajouter :
« La prise de la ville d’Uvira dans le sud Kivu, frontalière du Burundi, emporte des risques sérieux et imminents d’escalade régionale et menace directement la sécurité de pays frontaliers. Le recours à des drones suicides constitue une escalade préoccupante. Ces combats ont entraîné le déplacement forcé de dizaines de milliers de civils, dégradant encore la situation, alors qu’il s’agit déjà dans cette zone de la deuxième crise humanitaire la plus grave du monde.La communauté internationale s’est mobilisée pour venir en aide aux populations touchées par le conflit. Lors de la conférence de Paris le 30 octobre dernier, la France réaffirme l’urgence de protéger les populations civiles. La France exhorte le M23 à mettre un terme à son offensive et les forces rwandaises de défense à se retirer du territoire congolais en application de la résolution 2773 adoptée à l’unanimité par ce Conseil. Le M23 doit respecter ses engagements au titre de la déclaration de principe et de l’accord cadre de Doha. Deuxièmement, dans ce contexte, la France réaffirme sa confiance aux médiateurs. L’Union africaine, en particulier à travers les présidents de l’Angola et du Togo, les États-Unis et le Qatar déploient des efforts immenses pour un règlement durable du conflit qui endeuille les populations des Grands Lacs et qui déstabilise gravement la région depuis des décennies. » Dit-elle
Et de poursuivre :
« Plus que jamais, le soutien de l’ensemble des membres de ce Conseil à ces efforts de paix est requis. Nous devons collectivement réaffirmer l’exigence du respect du droit international humanitaire par l’ensemble des partis ainsi que leurs obligations en matière de protection des civils. La résolution 2773 doit être pleinement appliquée et respectée par l’ensemble des acteurs, à commencer par son appel à un cessez-le-feu inconditionnel, effectif et vérifiable. Le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale congolaise est non négociable. Les actions provocatrices ou les discours de haine mettant en péril la sécurité des civils doivent cesser. Les accords de Washington doivent être respectés.L’accord cadre de Doha doit être appliqué. Nous appelons à la poursuite des efforts de l’Union africaine. Les récents événements risquent de mettre un terme à un règlement politique durable du conflit.Troisième message. Nous ne devons pas laisser cette situation remettre en cause le mandat de la MONUSCO et les négociations en cours. Comme l’a rappelé le secrétaire général adjoint, la MONUSCO continue de jouer un rôle essentiel en matière de protection des civils et dans la perspective du règlement du conflit.La France entend que Porte plume a présenté un projet destiné à positionner la MONUSCO dans un rôle d’accompagnement de tous les efforts de paix. Cela comprend la question de la surveillance d’un cessez-le-feu pour laquelle la MONUSCO dispose d’atouts évidents par la présence sur le terrain, son expertise, ses capacités et son impartialité. Les entraves imposées par le M23 à sa liberté d’action et à son approvisionnement en ressources de première nécessité sont inacceptables et doivent cesser. Dès lors, nous appelons les membres du Conseil à poursuivre les négociations de bonne foi en gardant à l’esprit la responsabilité qui leur incombe au regard de la situation présente et en sachant que toute l’attention de cette délégation est acquise. Monsieur le Président, les populations de l’Est de la République démocratique du Congo, les pays de la région et les contributeurs de troupes attendent du Conseil qu’ils se montrent à la hauteur de ses responsabilités au regard de l’urgence, sachant répondre à cette attente pour la paix en République démocratique du Congo et dans la région.
La situation dans l’Est de la RDC, marquée par des conflits armés depuis des décennies, s’est intensifiée ces derniers mois avec des avancées territoriales du Mouvement du 23 mars (M23), un groupe rebelle accusé de bénéficier d’un soutien logistique et militaire du Rwanda voisin. Selon des sources diplomatiques, les affrontements ont déplacé plus de 100 000 civils depuis le début de l’année, les tensions ethniques et les pénuries alimentaires dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Le gouvernement congolais, dirigé par le président Félix Tshisekedi, a dénoncé à plusieurs reprises l’ingérence rwandaise, affirmant que Kigali utilise le M23 comme proxy pour contrôler des ressources minières stratégiques, notamment le coltan. De son côté, le Rwanda nie toute implication directe, accusant Kinshasa de soutenir des groupes rebelles hutus comme les FDLR.
HERVÉ KABWATILA































































