Le Prix Nobel de la paix, Denis Mukwege a critiqué le récent accord paraphé par les experts congolais et rwandais, sous la médiation américaine et sous l’observation Qatarie.
Dans une déclaration, le célèbre gynécologue et candidat à la présidentielle de décembre 2023, souligne que la déclaration conjointe faisant suite aux pourparlers tenus à Washington au niveau des équipes techniques en présence de la Sous-secrétaire d’Etat américaine aux Affaires politiques est « vague et ambiguë ».
Le docteur Mukwege explique que cet accord qui s’appuie sur la Déclaration de principes du 25 avril, se contente d’énumérer une série de dispositions sur le respect de l’intégrité territoriale et l’interdiction des hostilités; le désengagement, le désarmement et l’intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques ; la mise en place d’un mécanisme conjoint de coordination; la facilitation du retour des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur du pays, ainsi que l’accès humanitaire; et un cadre d’intégration économique régionale.
Le lauréat du Prix Sakharov 2014 estime que dans l’état actuel, l’accord en genèse reviendrait à accorder une prime à l’agression, à légitimer le pillage des ressources naturelles congolaises et à contraindre la victime à aliéner son patrimoine national en sacrifiant la justice en vue de garantir une paix précaire et fragile.
« Nous réitérons notre circonspection face à des efforts de médiation qui éludent la reconnaissance de l’agression de la RDC par le Rwanda et un processus caractérisé par son caractère opaque et non inclusif, qui laisse à penser qu’il est à l’avantage de l’agresseur non sanctionné, qui verra ainsi ses crimes du passé et du présent blanchis en « coopération économique », a déclaré Dénis Mukwege précisant que ladite conjointe fait l’économie de la résolution 2773 du Conseil de Sécurité de l’ONU.
Face à ces doutes, Mukwege appelle à la transparence et à l’inclusivité en recourant à la participation des femmes et des jeunes.
Parallèlement, le fondateur de Panzi a réitéré son plaidoyer pour la justice transitionnelle afin de prévenir la répétition des conflits et des violations graves des droits humains et du droit international humanitaire et instaurer une paix durable en RDC.
Il est convaincu que la paix ne peut se réduire à faire taire les armes, à obtenir un « armistice et à faire du business car pour être juste et durable, elle ne peut faire l’économie de la justice, du respect des droits humains et du droit international ».
Pour étayer sa réflexion, l’homme de Panzi rappelle que le conflit en cours s’inscrit dans la continuité de 30 ans de guerres d’agression et de la commission d’une pléthore de crimes internationaux.
« La justice, la vérité et des réparations constituent des préconditions à la réconciliation et à la cohabitation pacifique au sein des pays des Grands Lacs africains. Aucun accord ne doit passer sous silence les massacres à grande échelle qu’on subit la population civile congolaise, les viols commis sur des centaines de milliers de femmes, et les déplacements forcés de millions de personnes », a-t-il martelé.
un sommet des chefs d’État est annoncé le 27 juin prochain, à Washington, pour la signature d’un accord définitif pour promouvoir la paix, la stabilité et la prospérité économique dans la région des Grands Lacs.
Mont Carmel Ndeo