Alors qu’au niveau national, l’opposition et une partie de la société civile critiquent vigoureusement la déclaration de principes signée en avril 2025 par les gouvernements congolais et rwandais, sous la médiation des États-Unis, le Congrès américain est divisé.
Cinq membres du Congrès ont interpellé Massad Boulos, conseiller spécial pour l’Afrique à la Maison Blanche, afin qu’il fournisse des éclaircissements sur les éléments implicites de cette déclaration qui, selon ses signataires, ouvre la voie à la paix, à la stabilité et au développement économique intégré dans l’est de la RDC, ainsi qu’à la normalisation des relations bilatérales entre les deux pays.
Parallèlement, ces élus ont exprimé leurs préoccupations concernant les clauses entourant les négociations entre les États-Unis et la RDC au sujet d’un potentiel partenariat « minerais congolais contre soutien sécuritaire américain ». Ils s’inquiètent du manque de transparence sur les conditions d’accès aux ressources congolaises et sur la gestion de ces richesses. Ils affirment que, sans garanties solides, ce partenariat risque d’aggraver les conflits et la corruption, au lieu de favoriser la paix et le développement.
En RDC, la déclaration de principes signée par l’administration de Félix Tshisekedi est perçue comme un accord de capitulation, alors que le Rwanda soutient militairement les rebelles du M23, qui occupent, à ce jour, de vastes territoires dans les deux provinces du Kivu (Sud-Kivu).
Selon les termes de la déclaration, les gouvernements de Tshisekedi et de Kagame se sont engagés à lancer et/ou élargir la coopération sur des priorités communes telles que le développement hydroélectrique, la gestion des parcs nationaux, l’élimination des risques sur les chaînes d’approvisionnement de minerais, ainsi que l’établissement de chaînes de valeur transparentes, formalisées et licites dans le domaine minier (des mines aux métaux transformés), en partenariat avec les autorités et les investisseurs américains.
Pour l’opposition, cet accord légitime la cogestion des ressources naturelles de la RDC avec le Rwanda, qui, selon de nombreux rapports de l’ONU, est le principal bénéficiaire des minerais illicitement exploités en RDC. Elle craint que cette initiative des États-Unis ne profite davantage au Rwanda qu’à la RDC.
Cependant, le porte-parole du gouvernement congolais a assuré que les intérêts de la RDC seront pleinement protégés.
« Cette initiative américaine repose d’abord sur des efforts régionaux, et le premier principe que nous défendons est l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale de la RDC, y compris sur son territoire et ses minerais. Bien au-delà, nous avons toujours affirmé, depuis le début de cette guerre, qu’il y avait une volonté claire et ferme de trouver une solution qui mène à une paix durable et définitive, permettant ainsi de commencer à envisager le développement d’abord pour nous-mêmes, puis de voir comment construire une dynamique régionale pour que d’autres pays puissent bénéficier des opportunités que la RDC peut offrir dès qu’elle atteint ses objectifs de paix », avait déclaré Patrick Muyaya devant un auditoire de chercheurs et de personnalités issues des mondes économique, politique, diplomatique et académique.
Mont Carmel Ndeo