Le Rwanda a promptement réagi à l’annonce du président français Emmanuel Macron concernant la réouverture de l’aéroport de Goma, localisé dans la ville éponyme, actuellement contrôlée par les rebelles de l’AFC-M23.
Cette annonce a été faite en marge d’une conférence sur la paix dans la région des Grands Lacs, en présence du président de la RDC, Félix Tshisekedi, du président du conseil togolais et facilitateur de l’Union Africaine, Faure Gnassingbé, ainsi que de représentants de pays de la sous-région.
Selon Macron, la réouverture de l’aéroport est nécessaire pour acheminer l’aide humanitaire dans les zones durement touchées par la crise sécuritaire.
Cependant, en réponse, Kigali a souligné que Paris n’est pas habilité à décider de cette question.
Le gouvernement rwandais a insisté sur le fait que Doha reste le cadre approprié pour les négociations entre le gouvernement congolais et l’AFC-M23, qui contrôle la ville depuis janvier 2025.
« L’aéroport de Goma est sous le contrôle des autorités de fait, à savoir l’AFC-M23. La position du Rwanda est de s’assurer que les décisions soient prises dans le cadre des négociations de Doha, où le gouvernement congolais et l’AFC-M23 sont en pourparlers pour trouver une solution à cette crise. C’est dans ce contexte, avec les autorités qui détiennent l’aéroport, que cela doit se faire », a déclaré le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe.
Pour Kigali, Paris ne peut ordonner la réouverture de cette infrastructure aéroportuaire sans l’approbation des autorités de l’AFC-M23, qui, selon lui, n’ont pas été consultées ni associées aux discussions.
Pour soutenir sa position, le Rwanda estime que la situation sécuritaire actuelle n’est pas propice, dénonçant des violations répétées du cessez-le-feu par l’armée congolaise (FARDC).
« La situation humanitaire dépend d’une situation sécuritaire. Or, la sécurité est compromise par des violations quotidiennes du cessez-le-feu par le gouvernement congolais, avec des frappes aériennes, des avions de chasse et des drones attaquant non seulement les positions de l’AFC-M23 », a-t-il déclaré, tout en alertant sur des bombardements présumés dans les villages de Banyamulenge.
« Il faut d’abord agir de manière ordonnée, car l’aéroport de Goma n’est pas simplement une infrastructure, mais un point d’accès crucial pour l’aide humanitaire. »
Dans le même ordre d’idées, l’AFC-M23 s’est déclarée non concernée par l’annonce de la réouverture de l’aéroport de Goma.
« L’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) exprime son étonnement face à cette annonce faite à Paris lors de la conférence humanitaire sur les Grands Lacs. Cette décision est inopportune, déconnectée de la réalité sur le terrain et prise sans aucune consultation préalable avec l’AFC/M23 », a déclaré Corneille Nangaa, coordonnateur de cette rébellion.
« Comment peut-on évoquer la réouverture de l’aéroport de Goma pour des motifs humanitaires alors que les territoires de Walikale et de Masisi au Nord-Kivu, ainsi que ceux de Fizi (Minembwe), Walungu et Mwenga au Sud-Kivu, subissent quotidiennement des bombardements du régime de Kinshasa ciblant des sites civils : usines, ponts, aérodromes et avions humanitaires ? », s’est-il interrogé.
Nangaa a également souligné que la reprise du trafic aérien à Goma ne peut être envisagée tant que les banques restent fermées sur décision du gouvernement.
Dénonçant la poursuite des affrontements sur la ligne de front, le coordonnateur de l’AFC-M23 affirme que la réouverture de l’aéroport de Goma est inopportune et prématurée.
La rébellion accuse également le gouvernement de détruire des avions humanitaires à destination de Walikale et de Minembwe et de fermer arbitrairement l’espace aérien des territoires sous son contrôle pour faciliter des opérations militaires contre des civils.
« L’AFC/M23 attire l’attention de l’opinion nationale et internationale sur les pratiques des lobbys humanitaires qui se nourrissent sur le dos de populations prétendument déplacées. Par le passé, ces mêmes lobbys ont favorisé la survie de groupes armés, y compris les FDLR alliés de Kinshasa, prolongeant ainsi les souffrances de notre peuple », a-t-il ajouté.
À cet égard, la rébellion invite la France à adopter une position « juste et équitable ».
« Elle ne doit pas encourager ceux qui exploitent la détresse humaine à des fins politiques ou lucratives, mais plutôt soutenir la recherche de solutions susceptibles de ramener la paix aux peuples de la région », a conclu Nangaa.
Mont Carmel NDEO
 
			 
                                

















































 
					
 
                                 
                                 
                                
 
							












