Contrairement à la version officielle, un groupe de creuseurs accuse les militaires de la Garde Républicaine (GR) d’être responsables de l’incident survenu le samedi 15 novembre dans la carrière de Mulondo, appartenant à la société PAGECLEM, située au quartier Kawama, dans le territoire de Mutshatsha (Lualaba).
Selon les autorités provinciales, malgré l’interdiction formelle d’accès au site, émise en raison des fortes pluies et du risque élevé d’éboulements, plusieurs exploitants miniers artisanaux clandestins ont forcé l’entrée.
Le ministre provincial de l’Intérieur, Roy Kaumba a également accusé les creuseurs d’avoir érigé un pont de fortune pour traverser une tranchée de sécurité installée par la société afin d’accéder à cette zone interdite.
« Lors d’une tentative de traversée précipitée, la surcharge causée par l’afflux massif de personnes a provoqué l’effondrement du pont, entraînant de nombreux individus dans les eaux profondes de la tranchée », a expliqué le ministre.
Cependant, les creuseurs survivants rapportent que ce drame a été causé par des tirs de la Garde Républicaine, une unité des FARDC chargée de protéger le Président de la République.
« Cet incident a été causé par des balles tirées par les militaires de la Garde Républicaine qui visaient les creuseurs. Deux personnes ont été blessées. L’un a été touché à la jambe et l’autre au bras. Pris de panique par les tirs à bout portant des militaires, les creuseurs ont fui dans toutes les directions pour sauver leur vie. Beaucoup ne sont pas morts à cause de l’éboulement, mais en fuyant les balles, tombant dans la canalisation ou se piétinant », a relaté Patrick Kalonji, président des creuseurs.
« Près de l’accident, une canalisation d’eau et un petit pont de près de deux mètres traversaient une rivière. Beaucoup se sont précipités pour fuir par ce pont et dans la panique, plusieurs sont tombés dans la canalisation. En chutant, des personnes ont piétiné d’autres, ce qui a entraîné des décès », a-t-il ajouté.
Il a également affirmé qu’au moins 40 personnes ont perdu la vie et deux autres ont été blessées par balles.
« Nous avons compté 34 morts, tandis qu’une dizaine de corps ont été récupérés par les familles. En tout, nous estimons le nombre de morts à environ quarante », a conclu Patrick Kalonji.
Bien que la loi interdise leur présence dans les mines, certains militaires sont impliqués dans l’exploitation minière illégale ou assurent la sécurité de sites exploitants, souvent au détriment de la protection des populations civiles face aux groupes armés.
Des militaires sont régulièrement cités dans des activités illégales telles que le trafic de minerais ou le recouvrement de taxes auprès des mineurs, alors que leur mission est de maintenir l’ordre public et de protéger les sites sous l’autorité de la police des mines.
Dans son rapport publié, la Commission nationale de lutte contre la fraude minière (CNLFM) a mis en lumière des irrégularités graves dans la gouvernance du secteur minier dans la province de Lualaba, en violation du Code minier en vigueur et de ses textes d’application.
Ce rapport révèle que plusieurs sites miniers ont été occupés illégalement et que des réseaux de fraude et de contrebande à grande échelle y ont été établis. Les enquêtes menées par la CNLFM pointent du doigt des civils congolais, des ressortissants étrangers, ainsi que des militaires, y compris des membres de la 22e région militaire, de la Garde Républicaine et de la police nationale congolaise (PNC).
Face à ces révélations explosives, le ministre de la Justice, Guillaume Ngefa a ordonné des poursuites judiciaires contre les auteurs de fraude minière à Lualaba.
Il a enjoint l’Auditeur général des FARDC et le Procureur général près la Cour de cassation à engager toutes les procédures judiciaires prévues par la loi contre toutes les personnes physiques et morales impliquées, sans distinction de rang, de fonction ou de nationalité.
Mont Carmel NDEO































































