La course à l’extraction de cobalt et de cuivre, utilisés pour les batteries électriques, a conduit à l’expulsion de plusieurs centaines d’habitants dans la province du Lualaba en République démocratique du Congo, selon un nouveau rapport de l’ONG Amnesty international qui dénonce des violations des droits humains commises au nom de la transition écologique.
Des avenues entières ont été rayées de la carte. En République démocratique du Congo, l’extraction minière ne connaît pas de trêve, au détriment, bien souvent, des populations locales.
Selon l’ONG Amnesty International, l’expansion des mines industrielles de cobalt et de cuivre a conduit à l’éviction forcée de plusieurs centaines d’habitants dans la province de Lualaba, dans le sud du pays, et en particulier dans la ville minière de Kolwezi, où plusieurs milliers d’habitations sont menacées.
Ces métaux rares dont la demande a explosé ces dernières années sont essentiels à la production de batteries rechargeables. Celles-ci sont utilisées notamment pour les voitures électriques, considérées comme un pilier de la transition verte. Mais les conditions d’extractions de ces matières premières en République démocratique du Congo suscitent de vives critiques de la part des ONG, qui dénoncent régulièrement la recrudescence du travail infantile dans les mines artisanales, ainsi que les dangers environnementaux liés à l’activité des grands groupes industriels.
« La justice climatique exige une transition juste », clame Amnesty International dans son nouveau rapport, rappelant que la décarbonation de l’économie mondiale « ne doit pas engendrer de nouvelles violations des droits humains ».
Selon la chercheuse Candy Ofime, qui a enquêté sur place et appelle l’État congolais de décréter un moratoire immédiat sur les expulsions liées à l’exploitation minière.
«De nombreux rapports font écho de problèmes environnementaux et de l’exploitation salariale liés aux mines mais l’on entend beaucoup moins parler des expulsions liées à cette activité. Comment avez-vous documenté ce sujet ? Nous travaillons toujours en partenariat avec la société civile et ce sont nos contacts sur le terrain qui nous ont orientés vers cette problématique. Les expulsions forcées sont à l’intersection de plusieurs droits humains fondamentaux que sont le droit au logement, l’accès à la santé ou bien encore le droit à des conditions de travail décentes, car on ne peut pas travailler sereinement lorsque l’on n’a pas de toit ou que l’on vit sous la menace de l’activité d’un groupe industriel » s’est-elle exprimer
Et d’ajouter :
«Et c’est un phénomène systémique qui prend de l’ampleur. La RD Congo est la première réserve mondiale de cobalt et la septième en ce qui concerne le cuivre. Toute la province de Lualaba, dans le sud du pays, est découpée en carrés miniers, c’est-à-dire que l’extraction minière y est possible. La situation est particulièrement alarmante dans la ville de Kolwezi, où plusieurs avenues ont disparu au cours des dix dernières années. Les mines s’agrandissent, sans réflexion en amont pour proposer des espaces de vie alternatifs aux populations avec des services et des infrastructures sociales équivalentes. Même lorsqu’elles sont relogées, les personnes contraintes de quitter leur maison restent bien souvent sous la menace d’une nouvelle expulsion car il n’y a pas de zone préservée ou interdite et l’intégralité de la région est riche en minerais »
James Kabwe