La Conférence Épiscopale Nationale Congolaise (CENCO) a fustigé le jugement rendu par la Haute Cour Militaire dans l’affaire opposant l’ancien président Joseph Kabila au ministère public.
Cette structure de l’église catholique regroupant les évêques se dit « horrifiée » par ce verdict qui condamne Kabila à la peine de mort.
Dans sa déclaration officielle, la conférence épiscopale rappelle avoir mené un plaidoyer pour l’abolition de la peine de mort dont le moratoire sur l’exécution avait été levé par le ministre de la Justice en date du 13 mars 2024.
Selon la CENCO, cette demarche devait aboutir à l’abolition et non à la reprise d’une mesure « inhumaine ». Elle estime que son rétablissement constitue un échec pour la RDC et blesse la dignité de la personne humaine.
« Conscients que la peine de mort et sa logique de rétribution ne sont pas compatibles avec l’évangile, soucieux de chercher à tout prix les voies et moyens de ramener la paix, la cohésion nationale et de garantir l’intégrité du Territoire national, nous sommes horrifiés par le verdict de la Haute Cour Militaire de Kinshasa, à l’issue du procès pénal expéditif engagé contre le Président Honoraire Joseph Kabila, le condamnant à la peine de mort », a déclaré le président de la CENCO, Mgr Fulgence Muteba.
En revanche, les évêques catholiques ont réaffirmé leur appel à la promotion de la paix et de la cohésion nationale. Ils ont insisté sur un dialogue « inclusif » entre tous les acteurs politiques et sociaux du pays.
«Nous demeurons convaincus qu’un dialogue inclusif reste la voie la mieux indiquée tant pour affronter les causes profondes de ces crises que pour retrouver l’unité, la paix, le bien-vivre ensemble et l’intégrité territoriale de notre pays. Ce dialogue inclusif devient plus qu’urgent au regard de l’enlisement de la crise et de ses conséquences sur la population congolaise », affirme la CENCO.
Saluant les efforts déployés par les belligérants, les institutions et les partenaires internationaux pour résoudre la crise sécuritaire, la CENCO a appelé à l’engagement tous azimuts soutenant que ces efforts seront « vains » tant que les acteurs politiques congolais ne s’engageront pas résolument dans un dialogue constructif et n’honoreront pas les accords déjà signés.
« Nous réitérons notre exhortation aux gouvernants de notre pays, à l’Opposition armée et non armée, aux membres de la société civile et à tout le Peuple congolais, à s’engager fermement, dans la lutte contre les différents facteurs qui alimentent les conflits et qui font le lit de la culture de la mort et du grand risque de balkanisation de notre pays », a-t-elle martelé.
Jugé par contumace, Joseph Kabila a été reconnu coupable de divers crimes, notamment « la trahison, les crimes contre l’humanité, le meurtre, l’agression sexuelle, la torture et l’insurrection » en complicité avec la rébellion de l’AFC-M23, dont il serait l’instigateur, selon la Haute Cour militaire du pays.
En plus de la peine de mort, le sénateur à vie a été condamné à verser 29 milliards de dollars de dommages et intérêts à l’État congolais, ainsi que 2 milliards à chacune des deux provinces de l’Est, qui se sont constituées parties civiles, à savoir le Nord-Kivu et le Sud-Kivu.
Mont Carmel NDEO