Alors que les rebelles de l’AFC-M23, supplétifs de l’armée rwandaise sont à une dizaine de kilomètres d’Uvira, une ville stratégique et dernier verrou vers l’espace Katanga, le gouvernement congolais a dénoncé la violation de l’accord de paix signé le 4 décembre à Washington.
À l’issue d’une réunion dirigée par la Première ministre sur l’évolution de la situation dans le Sud-Kivu, sur l’axe Kamanyola-Uvira, Kinshasa accuse le Rwanda d’avoir bombardé des positions congolaises depuis la ville de Bugarama.
Selon le porte-parole du gouvernement, des écoles, des centres de santé et des habitations ont été touchés par ces bombardements.
« Il y a quelques jours, l’armée a annoncé que des bombes avaient été tirées depuis Bugarama au Rwanda, visant des cibles, y compris civiles. La réunion de ce matin, au-delà de ce qui a été discuté à Washington, a permis d’examiner des rapports provenant du CICR et d’autres organisations humanitaires, qui font état de situations particulièrement préoccupantes. Il était donc essentiel pour la Première ministre de rassembler autour d’elle tous les ministres, notamment ceux de la Défense et de l’Intérieur, afin de trouver des réponses efficaces à cette situation », a déclaré Patrick Muyaya, le porte-parole du gouvernement.
Le ministre Muyaya a également dénoncé une tentative de Kigali de régionaliser le conflit en s’attaquant au Burundi voisin.
« Comme l’a souligné le président de la République hier lors de son allocution à la nation, le Rwanda viole impunément l’accord que nous avons signé à Washington il y a quelques jours. Ce n’est pas seulement une violation de l’accord, mais une tentative claire de régionaliser le conflit, car il est évident que le Rwanda cible également le Burundi, au-delà des actions menées en RDC », a-t-il ajouté.
Le gouvernement a appelé les citoyens à rester vigilants face à une rhétorique sur les réseaux sociaux la qualifiant de « poison rwandais ».
« Nos militaires sont engagés sur plusieurs fronts et la situation sur le front peut être mouvante. Il ne faut pas suivre tout ce qui est donné. Vous connaissez par qui et par quel compte passent le poison rwandais. Il est important que nos populations puissent être vigilantes et puissent se référer aux canaux officiels à travers lesquels nous allons communiquer. Je tiens à apporter ces précisions parce que c’est crucial en ce moment où la manipulation peut, à elle seule, semer la panique au milieu de nos populations », a insisté le ministre de la Communication.
Pour étayer ses propos, le ministre a rassuré que le gouverneur du Sud-Kivu et les services provinciaux sont mobilisés pour suivre de près la situation sur le terrain.
« Nous y reviendrons. L’accord n’est pas respecté parce que c’est de la responsabilité du président rwandais.
Je viens de vous dire que le Rwanda veut régionaliser la guerre parce que l’objectif, ce n’est plus seulement les territoires congolais. L’objectif, c’est clairement le Burundi », a-t-il renchéri.
De son côté, le Burundi a accusé le Rwanda de lancer des bombes sur son territoire tout en promettant de réagir à la hauteur de la « provocation ».
Dans cette dynamique, lors d’une conférence de presse animée ce mardi à Goma, les autorités du M23 ont donné un ultimatum aux forces burundaises pour quitter le territoire congolais.
« Nous avons appelé le Burundi à se retirer du territoire congolais car nous n’avons pas d’ambition de prendre le Burundi ou les troupes burundaises pour cible malgré le blocus imposé par l’armée burundaise dans les Hauts Plateaux, dont Minembwe, où vivent plusieurs communautés ethniques, essentiellement les Banyamulenge », a lancé Bertrand Bisimwa, coordonnateur adjoint de l’AFC-M23.
Mont Carmel NDEO































































