La Première Ministre, Judith Suminwa, a pris part, vendredi 12 septembre 2025 à la cérémonie de présentation officielle du Rapport national sur l’égalité des sexes en République Démocratique du Congo, organisée par le ministère du Plan et de la Coordination de l’Aide au Développement, avec l’appui de l’ONU Femmes. Ce document basé sur les objectifs du développement durable (ODD) révèle les efforts que le pays doit fournir afin de parvenir à l’égalité entre femme et homme.
Pour Modeste Nyembo Kakanda, Coordonnateur de l’Observatoire congolais de développement durable (OCDD), ce rapport s’inscrit dans le cadre du suivi et examen des ODD que le pays est appelé à atteindre d’ici 2030. Et l’égalité des sexes est une question transversale, car elle touche plusieurs secteurs de la vie, notamment l’emploi, la santé maternelle, l’éducation et l’environnement.
« Les inégalités, on les sent vraiment partout, surtout dans le domaine de l’emploi. Et ces inégalités se construisent au fil du temps. Déjà dans le foyer, on sait déjà aujourd’hui que la petite fille part chercher l’eau et le petit garçon reste à la maison en train d’étudier, ça se répercute dans l’éducation, et l’éducation est un facteur pour trouver un emploi décent. Ce sont des inégalités qui se construisent comme ça. Et on a repéré ça dans tous les domaines », a déclaré le Coordonnateur de l’OCDD.
Ce rapport préconise d’intensififier la vulgarisation et la sensibilisation des textes légaux et réglementaires, combler le gap dans le système éducatif pour renforcer l’égalité des sexes et en tirer pleinement profit, corriger les désavantages socioéconomiques des femmes, promouvoir l’autonomisation et la participation des femmes par l’alphabétisation et faire des statistiques sur le genre une priorité dans la collecte de des données.
Saisissant l’occasion, Arlette Mvondo, Représentante a.i de l’ONU Femmes en RDC, a fait un plaidoyer devant la Première Ministre en faveur d’une loi sur les statistiques relatives au genre, avant d’annoncer qu’ONU Femmes lancera dans les prochains jours un baromètre genre des ODD qui se veut un instrument dynamique, évolutif et complémentaire des analyses faites.
« ONU Femme réaffirme avec conviction son engagement à accompagner le Gouvernement congolais et l’ensemble des partenaires dans la réalisation d’un avenir où les droits, l’égalité et l’autonomisation de toutes les femmes et les filles seront au cœur du développement durable », s’est exclamée Arlette Mvondo.
Dans son adresse, la Première Ministre a rappelé que le principe de l’égalité entre les sexes est inscrit dans la Constitution de la RDC, qui stipule que les pouvoirs publics veillent à l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard de la femme et assure la protection et la promotion de ces droits.
Elle a, par ailleurs, souligné que le Gouvernement de la République a déjà mis en place un éventail de réformes et de mesures basées sur des textes légaux et réglementaires pour favoriser et promouvoir la participation des femmes à l’activité économique et politique. C’est le cas de la révision du Code de la famille qui a permis d’élaguer plusieurs dispositions qui discriminaient les femmes, ou encore la loi portant modalités d’application des droits de la femme et de la parité.
Le coeur lourd, la Première Ministre a partagé ses inquiétudes sur les violences que subissent les femmes dans la partie Est du pays, depuis l’occupation illégale du territoire national par les ennemis de la RDC.
« Au moment où je vous parle, des millions de femmes sont entre les mains des groupes armés, subissant majoritairement de multiples violences, dont sexuelles, suite à la crise sécuritaire et humanitaire. A cela s’ajoute la destruction des infrastructures de base qui aggrave l’insuffisance des services sociaux de base dans les zones occupées, impactant directement et négativement le bien-être des femmes et des jeunes filles », a regretté Judith Suminwa avant de rendre un vibrant hommage au Chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi, qui reconnait en la femme des capacités de conduire le changement, de rechercher le bien collectif et de stimuler le développement.
Pour la Première Ministre, ce document présenté par l’OCDD, constitue un outil non seulement de prise de décision, mais surtout de prise de conscience de l’ensemble des citoyens de ce pays, les politiques ainsi que les représentants du peuple. Dans une démarche de leadership participatif, elle lance un appel pour l’appropriation de ce rapport.
« Je lance donc l’appel à l’ensemble des acteurs politiques, économiques et sociaux pour qu’à l’unisson, nous transformions les recommandations dégagées dans ce rapport sur l’égalité des sexes en actions concrètes au bénéfice des générations présentes et futures, et pour la mise en place des politiques publiques osées, notamment l’élaboration des budgets sensibles au genre et des programmes spécifiques », a-t-elle conclu.
HERVÉ KABWATILA