Le vice-premier ministre chargé du Budget, Adolphe Muzito, a réaffirmé sa position en faveur d’un changement de la Constitution en République démocratique du Congo.
Au cours d’une interview accordée à Jeune Afrique, ce membre du gouvernement Suminwa et leader du parti politique d’opposition « Nouvel Élan » a souligné que son combat, qu’il mène depuis une décennie, vise à mettre fin au régionalisme constitutionnel au profit du fédéralisme.
Selon lui, ce combat est également soutenu par l’opposant et candidat à la présidentielle de 2023, Moïse Katumbi.
« Cela fait dix ans que je dis la même chose et que je mène ce combat hérité des pères fondateurs, Patrice Lumumba et Étienne Tshisekedi. Je ne suis pas le seul, même certains opposants comme Moïse Katumbi, sont favorables à un État fédéral », a déclaré Adolphe Muzito.
L’ancien Premier ministre sous Joseph Kabila prône la concentration du pouvoir entre les mains du Président de la République. Il préconise également un changement du mode de scrutin présidentiel.
Muzito estime que le chef de l’État doit être élu de manière indirecte, c’est-à-dire que le parti qui obtient la majorité aux élections législatives nomme le président.
« Je suis pour la fin du régionalisme constitutionnel. Je ne veux pas non plus du caractère bicéphale de l’exécutif, où il y a un président de la République et un chef de gouvernement. Je veux une seule tête à l’exécutif. Et pour le mode de scrutin, je préfère que le chef de l’État soit élu de manière indirecte, comme en Afrique du Sud où le parti qui emporte la majorité nomme le président de la République », a-t-il dit.
Reconnaissant la sensibilité du sujet dans le contexte actuel, l’opposant souligne la nécessité de restaurer la paix et l’autorité de l’État dans l’Est du pays avant d’aborder les questions liées au changement ou à la révision constitutionnelle.
Néanmoins, Muzito n’écarte pas la possibilité d’un glissement du calendrier électoral si la guerre d’agression n’est pas terminée.
« Je ne le souhaite pas, mais la guerre pourrait nous y contraindre, puisque une partie du territoire congolais nous échappe. Ce n’est pas un abus, ou alors c’est la situation qui abuserait de nous. Je ne pense pas que le président Tshisekedi souhaite ce glissement. J’ajoute qu’il est suffisamment fort ; il a remporté la dernière élection présidentielle avec plus de 70 % des suffrages, et il peut le refaire. Mais les Congolais accepteront-ils qu’une partie de leurs concitoyens ne participent pas aux élections ? », a-t-il conclu.
Les débats autour du changement de la Constitution avaient été lancés par l’UDPS, le parti au pouvoir, quelques mois après la réélection du président Tshisekedi pour un deuxième et dernier mandat.
L’opposition avait dénoncé l’intention de l’actuel Chef de l’État de s’éterniser au pouvoir, alors que la Constitution ne lui confère qu’un mandat de cinq ans renouvelable une fois.
Mont Carmel NDEO