Jusqu’à quand la communauté internationale fermera-t-elle les yeux sur les crimes commis dans l’Est de la République démocratique du Congo ?
Ce cri de cœur est du Prix Nobel de la paix 2018, Dénis Mukwege, lancé lors de la projection de l’avant première du film « Muganga, celui qui soigne » qui met en lumière son engagement pour la prise en charge des femmes victimes de viol dans l’Est de pays.
D’entrée, le célèbre gynécologue, personnage principal a souligné que ce film interpelle sur l’utilisation du viol comme arme de guerre, une tactique méthodique visant à profaner l’identité sociétale et à assujettir les congolais pour exploiter leurs ressources naturelles.
« Autrefois, les pneus qui roulaient à travers le monde étaient gonflés par l’air de souffrance de nos ancêtres. Aujourd’hui, le boom du caoutchouc a cédé la place aux minerais stratégiques. Chaque smartphone, chaque batterie électrique, est alimenté par le sang de la population congolaise dans l’indifférence de la communauté internationale », a déclaré Dénis Mukwege.
Le lauréat du Prix Sakharov 2014 a également dénoncé la politique de deux poids deux mesures de la communauté internationale qui, selon lui, ferme les yeux sur la souffrance des congolais.
« Il est inadmissible que la richesse de notre sol continue d’assouvir l’avidité vorace des révolutions industrielles et technologiques mondiales, tout en nous laissant dans le deuil. La souffrance des populations congolaises n’est ni plus ni moins légitime que celle que l’on observe en Ukraine ou au Moyen-Orient et mérite par conséquent la même attention », a-t-il martelé.
Le fondateur de Panzi a également appelé les acteurs politiques et ceux de la société civile au sursaut patriotique afin de faire face à cette énième guerre d’agression imposée par le Rwanda sous le label de la rébellion AFC-M23.
« Notre maison commune brûle. Il est urgent de surpasser les clivages politiques pour nous réveiller, nous indigner et agir dans un élan de solidarité nationale, afin de préserver ce sol pour lequel nos ancêtres se sont battus, d’appeler le monde à reconnaître enfin notre souffrance et de mettre fin à cette énième guerre d’agression et d’occupation qui nous est imposée par le Rwanda », a martelé le docteur Mukwege.
Les minerais stratégiques de la RDC notamment les 3T à savoir le coltan, l’étain et le tungstène constituent une menace pour l’avenir du pays, à cause de leur utilisation dans la fabrication des appareils électroniques.
Premier extracteur mondial de cobalt avec une production qui a atteint plus de 144.000 tonnes en 2022 ( environ deux tiers de la production mondiale), le Congo-Kinshasa est également un important acteur pour le cuivre (1° producteur africain) et l’or.
Le cobalt joue un rôle essentiel dans la production de batteries de type lithium-ion, de loin les plus répandus et retrouvés dans les smartphones, les ordinateurs, les batteries externes… Sa principale fonction réside dans la cathode de la batterie, où il permet d’améliorer la stabilité et la capacité de stockage d’énergie.
L’importance du cobalt est grandissante, particulièrement à cause des besoins en batteries pour voitures électriques.
Pour se procurer ces minerais stratégiques, certaines multinationales recourent aux « minerais de sang » exploités, illégalement en provenance des mines congolaises où les droits humains sont violés par les groupes armés parrainés par des pays étrangers.
Mont Carmel NDEO