Poursuivi pour détournement présumé d’une somme de 19 millions de dollars américains, fonds destinés à la construction de la prison centrale de Kisangani, l’ancien ministre de la Justice, Constant Mutamba, a récusé deux juges de la Cour de cassation.
Il s’agit de Justin Kibamba Moket, président de chambre, et de Thomas Otshudi Wongodi Okita, membre de la composition siégeant dans le procès l’opposant au parquet général.
Mutamba justifie sa récusation par l’impartialité présumée de ces deux juges, des intimidations, menaces ainsi que par leur inimitié à son égard et leur intérêt personnel à le condamner.
« J’ai noté une partialité remarquée dans le chef de ces deux juges, eu égard au comportement qu’ils ne cessent d’afficher tout au long de l’instruction de la cause. Ce comportement dénote une inimitié profonde avec ma personne et l’intérêt personnel de deux juges à me condamner, retenus comme causes de récusation à l’article 49 points 1 et 3 de la loi organique suscitée », a-t-il expliqué.
Pour étayer son argumentation, l’ancien ministre affirme être victime d’un programme de réformes qu’il a lancé dans le secteur judiciaire congolais, en conformité avec la politique gouvernementale.
« Cette idée n’a pas plu à tout le monde. Il a donné lien à un conflit ouvert entre moi-même et certains praticiens du droit, dont les deux juges mis en cause lesquels voudraient à tout prix demeurer et travailler dans le désordre dont ils continuent de profiter à ce jour. Pour cette raison, ils veulent ma tête », a-t-il déclaré.
Concernant les motifs d’intérêt personnel des deux juges dans l’affaire, l’ancien ministre souligne que leur attitude au cours de l’instruction témoigne d’un intérêt particulier.
« En effet, le rejet systématique de toutes les exceptions, y compris celle d’inconstitutionnalité relevant de la compétence de la Cour constitutionnelle, est révélateur », dit-il.
Constant Mutamba dit également avoir été intimidé par le juge Otshudi Okita, lors de l’audience du 4 août 2025. A l’en croire, ce dernier l’aurait obligé à répondre dans un sens déterminé à ses questions, menaçant de le gronder en cas de refus.
Il accuse également le juge Kibamba Moket d’avoir refusé la comparution d’un témoin clé (le secrétaire exécutif de la CENAREF), et de s’être moqué à plusieurs reprises de ses avocats, les considérant comme « inférieurs » à ceux de la Cour de cassation.
Qui plus est, il fustige une gestion déséquilibrée des débats, affirmant que la parole est systématiquement accordée au ministère public, au détriment de la défense.
Malgré cette récusation de l’accusé, l’affaire a repris ce mercredi 06 août devant la Cour constitutionnelle où plusieurs témoins sont présents notamment l’ancienne ministre de la Justice, Rose Mutombo.
Mont Carmel NDEO