Le Dr Denis Mukwege, célèbre gynécologue congolais et lauréat du prix Nobel de la paix en 2018, a vivement dénoncé les déclarations du général Sylvain Ekenge, porte-parole des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), accusées de stigmatiser les femmes tutsis. Dans un communiqué officiel rendu public ce lundi 29 décembre 2025, Mukwege appelle à la condamnation de tout discours haineux, soulignant les risques pour la cohésion nationale et régionale.
Le Dr Mukwege, fondateur de l’hôpital de Panzi spécialisé dans la prise en charge des victimes de violences sexuelles, a qualifié les propos du général Ekenge d' »actes d’humiliation et de discrimination » inacceptables, particulièrement lorsqu’ils émanent d’une autorité publique. « Tout discours et tout acte de haine, d’humiliation et de discrimination stigmatisant une ethnie ou le genre doivent être réprouvés et condamnés avec force, surtout quand ceux-ci sont le fait d’une autorité publique », a-t-il déclaré dans son communiqué.
Le médecin humanitaire a également rappelé le contexte des tensions ethniques en République Démocratique du Congo, marquées par l’agression rwandaise et ses alliés. « Malgré les innombrables injustices et actes d’humiliation que subit la population congolaise suite à l’agression rwandaise et ses supplétifs, il est indispensable d’éviter des discours toxiques qui sèment la haine ethnique et la discrimination du genre », a-t-il ajouté. Mukwege plaide pour une unité régionale, affirmant que « l’amour entre les peuples de la région des Grands Lacs doit être plus fort que la haine de certains gouvernants assoiffés de sang et de pouvoir ».
Il pointe du doigt l’impunité persistante dans la région, qui, selon lui, explique la récurrence de tels propos. « L’impunité légendaire dont jouissent certains dignitaires de la région explique la répétition des paroles et actes haineux qui fragilisent la cohésion nationale et régionale », a-t-il conclu.
Les déclarations du général Ekenge, qui n’ont pas été détaillées dans le communiqué de Mukwege, font référence à des propos tenus récemment lors d’une conférence de presse des FARDC, où il aurait accusé certaines femmes tutsis de complicité dans des conflits armés, suscitant une vague d’indignation au sein de la société civile congolaise et internationale.
Cette prise de position de Mukwege intervient dans un climat de tensions accrues entre la RDC et le Rwanda, avec des accusations mutuelles d’ingérence et de soutien à des groupes rebelles. Des organisations comme Human Rights Watch ont déjà documenté des cas de discrimination ethnique en RDC, et cette déclaration renforce les appels à une justice impartiale.
HERVÉ KABWATILA






























































