L’organisation Human Rights Watch accuse le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, d’avoir déporté plus de 1 500 personnes de l’est du pays vers le Rwanda, en violation des Conventions de Genève de 1949 notamment l’article 49 qui interdit, en tant que crime de guerre, les transferts forcés à l’intérieur d’un pays ainsi que les déportations hors du territoire occupé et vers d’autres pays.
Un rapport publié ce 18 juin indique que le M23 qui contrôle plusieurs zones clés, notamment Goma et Bukavu, avec l’appui logistique et militaire du Rwanda, a réussi à démanteler les camps de déplacés, exacerbant ainsi la crise humanitaire.
Clémentine de Montjoye, chercheuse senior à Human Rights Watch, souligne que le Rwanda porte une responsabilité directe dans les abus commis par le M23.
« Le transfert forcé de civils vers le Rwanda, qu’il s’agisse de citoyens congolais ou de réfugiés rwandais, est un crime de guerre en vertu des Conventions de Genève », a-t-elle déclaré.
Le 12 mai dernier, le M23 a rassemblé près de 2 000 personnes à Saké, une ville située à 25 kilomètres à l’ouest de Goma, et les a transférées de force à Goma, d’où beaucoup ont ensuite été déportées vers le Rwanda. Un grand nombre des personnes à Sake étaient originaires de Karenga, dans le territoire de Masisi, qui est considéré comme un bastion des FDLR.
Pour Human Rights Watch, cet acte fait partie d’une opération plus large du M23 menée contre des membres présumés des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé rwandais à majorité hutue, dont certains dirigeants ont pris part au génocide de 1994 au Rwanda.
« Le gouvernement rwandais et le M23 commettent des crimes de guerre en transférant de force des personnes au sein des territoires occupés et en les déportant vers le Rwanda », a martelé Clémentine de Montjoye.
Cette structure a appelé à une pression internationale concertée sur le Rwanda pour mettre fin aux déportations, garantir la sécurité de toutes les personnes dans les zones occupées et traduire en justice les responsables d’abus.
Du côté congolais, le ministre de l’Intérieur a dénoncé une politique de transplantation dans les territoires occupés par le M23, supplétif de l’armée rwandaise.
« Il se passe des choses extrêmement graves et affreuses… Nous avons dénoncé dans un bon nombre de nos communications, le Rwanda est en train de mettre en œuvre une politique de transplantation des populations étrangères dans les territoires occupés », a alerté Jacquemain Shabani.
Le gouvernement a appelé à la convocation d’une réunion du groupe technique tripartite réunissant la RDC, le Rwanda et le HCR, en vue de réaffirmer les principes fondamentaux régissant le rapatriement volontaire des réfugiés, tels que prévus par les accords en vigueur, ainsi que le processus de paix en cours dans le but de définir une nouvelle feuille de route concertée pour la poursuite de l’opération.
Mont Carmel Ndeo