Le ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Guillaume Ngefa Atondoko Andali, a défini les axes prioritaires de son action à la tête de ce ministère, après son entrée au sein du gouvernement Suminwa II.
Lors de sa prise de fonctions, cet ancien activiste des droits humains a salué les réformes entreprises par ses prédécesseurs. Selon lui, celles-ci constituent des jalons importants pour l’édification d’un système judiciaire plus « équitable et efficace » en République démocratique du Congo.
À la tête du ministère de la Justice, le successeur de Constant Mutamba a décliné son leitmotiv : tout mettre en œuvre pour assurer une guérison durable de la justice face à ses maux, offrir un réconfort aux affligés et instituer un véritable État de droit, conformément à la vision du Président de la République.
« Je resterai ouvert à toutes les critiques constructives qui pourraient contribuer à l’amélioration continue de notre appareil judiciaire », a affirmé le nouveau patron de la Justice congolaise.
Guillaume Ngefa s’est également engagé à lutter contre la corruption sous toutes ses formes, ainsi qu’à combattre le détournement et l’injustice, qui seront ses chevaux de bataille.
« Souffrez avec moi, je resterai loin des caméras, mais je ferai de mon mieux pour laisser des empreintes indélébiles pour notre Justice », a-t-il conclu.
La justice congolaise est souvent au banc des accusés. Le Président Félix Tshisekedi a qualifié la justice congolaise de « malade », mettant en exergue la corruption, la politisation des procédures judiciaires et l’instrumentalisation de la justice.
Bien que des états généraux de la justice aient été organisés en novembre 2024 pour envisager des réformes, le système judiciaire reste en proie à des dysfonctionnements persistants.
L’ancien ministre de la Justice, Constant Mutemba, qui promettait une thérapie de choc pour remédier aux maux du secteur judiciaire, est actuellement poursuivi pour détournement de fonds publics à hauteur de 19 millions de dollars américains, destinés à un projet de construction d’un complexe carcéral à Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo.
Qui est Guillaume Ngefa, le nouveau patron de la Justice ?
Guillaume Ngefa-Atondoko Andali est un juriste de renom et un ancien haut fonctionnaire des droits de l’homme des Nations Unies, reconnu pour son engagement en faveur des droits humains, de la primauté du droit et de la résolution pacifique des conflits.
Titulaire d’un Master of Laws (LL.M.) en droit international de la Columbia University à New York (1996), d’un diplôme de la Parker School of Foreign and Comparative Law (Columbia University) en droit international comparé, ainsi que d’un diplôme de l’Institut international des droits de l’homme de Strasbourg (1994), il est également diplômé en droit de l’Université de Kinshasa (1988). Il poursuit actuellement un doctorat en droit international à l’Université Panthéon-Assas (Paris II), avec une thèse intitulée : « La doctrine du Conseil de sécurité des Nations Unies en matière de droits de l’homme : théorie et pratique ».
Fort de plus de trente ans d’expérience dans la promotion et la protection des droits humains, principalement au sein du système des Nations Unies, le ministre de la Justice a exercé des fonctions de direction dans des contextes de crise complexes et sensibles, notamment en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel. De 2014 à 2023, il a été directeur de la Division des droits de l’homme de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Il a également été chef de la section des droits de l’homme de l’UNOGBIS (Mission d’appui des Nations Unies en Guinée-Bissau), directeur par intérim puis directeur adjoint des droits de l’homme à la Mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), ainsi que directeur du Service de l’Examen périodique universel (EPU) au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) à Genève, entre 2023 et 2024.
M. Ngefa-Atondoko a participé activement à plusieurs processus de paix et de médiation, notamment en Guinée-Bissau, en Côte d’Ivoire et au Mali. Il a pris part à de nombreux dialogues de haut niveau sur la paix, la gouvernance, le droit international et les droits humains, notamment dans le cadre de l’EPU. Il s’est également engagé dans l’analyse et le plaidoyer autour des défis régionaux en Afrique, avec une attention particulière portée à la République démocratique du Congo et à la région des Grands Lacs.
Avant de rejoindre les Nations Unies, il a exercé comme avocat à Kinshasa et travaillé comme juriste pour l’Afrique, à Genève, auprès de la Commission internationale de juristes (CIJ) et de l’Association pour la prévention de la torture (APT).
L’un des pionniers du mouvement des droits de l’homme au Zaïre, il a joué un rôle clé dans la démocratisation du pays. En 1991, il fonde l’Association zaïroise pour la défense des droits de l’homme (AZADHO). Après la chute de Mobutu et le changement de nom du pays, du Zaïre à la République Démocratique du Congo (RDC), l’AZADHO est devenue l’ASADHO, l’Association africaines des Droits de l’Homme.
Mont Carmel NDEO