La rébellion de l’AFC-M23 a annoncé ce lundi son retrait de la ville stratégique d’Uvira, qu’elle occupait depuis le 10 décembre, en réponse à la pression exercée par Washington.
Dans un communiqué, le coordonnateur de l’AFC-M23, Corneille Nangaa, a précisé que cette mesure s’inscrit dans le cadre du processus de paix de Doha, qui a récemment connu des progrès significatifs, aboutissant à la signature d’un accord-cadre le 15 novembre 2025.
Corneille Nangaa a déclaré que l’AFC-M23 souhaite donner une chance au processus de Doha, malgré ce qu’il qualifie de « provocations répétées » des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et de leurs alliés, Wazalendo.
« L’AFC-M23 retirera unilatéralement ses forces de la ville d’Uvira comme l’a demandé la médiation des États-Unis », a indiqué Corneille Nangaa.
« Sur la base d’expériences passées où les FARDC, Wazalendo et leurs alliés ont cherché à tirer parti des mesures de confiance de l’AFC-M23 pour reprendre le contrôle de territoires et cibler des populations perçues comme sympathisantes de l’Alliance, l’AFC-M23 appelle les garants du processus de paix à établir des mesures adéquates pour gérer la ville, incluant sa démilitarisation, la protection de sa population et de ses infrastructures, ainsi que la surveillance du cessez-le-feu par le déploiement d’une force neutre », a-t-il ajouté.
Le mouvement rebelle, soutenu par le Rwanda, a aussi appelé les garants du processus de paix à mettre en place des mesures appropriées pour assurer la sécurité dans la région. Cela inclut la démilitarisation d’Uvira, la protection des civils et des infrastructures, ainsi que l’établissement d’une force neutre chargée de surveiller le cessez-le-feu.
Par ailleurs, l’AFC-M23 a réitéré son engagement à ne pas permettre aux groupes armés hostiles au gouvernement burundais d’utiliser les zones sous son contrôle comme base arrière. Selon son coordonnateur, cette position vise à renforcer les relations de bon voisinage entre la RDC et le Burundi tout en minimisant les tensions régionales.
L’ombre de la pression américaine sur Kigali
Le retrait annoncé intervient après que l’administration américaine ait accusé le président rwandais d’avoir planifié et exécuté la guerre dans l’est de la RDC, en fournissant une direction militaire et politique aux forces du M23 et de l’AFC depuis leur résurgence en 2021.
« Depuis sa réémergence en 2021, le Rwanda a maintenu un contrôle stratégique sur son groupe armé par procuration, le M23, ainsi que sur l’aile politique du M23, l’Alliance du fleuve Congo (AFC), et les a déployés pour poursuivre les objectifs géopolitiques du Rwanda dans l’est de la RDC », a déclaré l’ambassadeur américain à l’ONU, Mike Waltz.
Selon Washington, les forces de défense rwandaises (RDF) ont fourni un soutien matériel, logistique et de formation aux rebelles du M23, tout en déployant environ 5 000 à 7 000 soldats en RDC.
« Cela ne compte pas les augmentations possibles des troupes rwandaises dans la récente avancée à Uvira. Ces derniers mois, le Rwanda a déployé plusieurs missiles sol-air et d’autres armes lourdes et sophistiquées au Nord et au Sud-Kivu pour soutenir le M23 dans son conflit contre la RDC », a-t-il ajouté.
L’administration Trump avait également dénoncé l’utilisation de drones kamikazes et d’artillerie par le Rwanda lors de son offensive pour la prise d’Uvira, deux semaines après l’entérinement de l’Accord de paix de Washington par les présidents Kagame et Tshisekedi. Face à cette situation, Washington a promis de prendre des mesures pour contraindre le Rwanda à respecter ses engagements.
Comme à Walikale, les rebelles avaient également annoncé leur retrait unilatéral à la demande des États Unis avant de s’y redéployer.
Mont Carmel NDEO































































