Neuf mois après la suspension du comité dirigeant de la société publique Transco, la tension reste palpable. Le Vice-premier ministre en charge des Transports, Jean-Pierre Bemba, est désormais accusé de « piétiner une ordonnance présidentielle », selon plusieurs sources internes à l’entreprise.
Une ordonnance présidentielle ignorée ?
En novembre 2022, le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, avait signé une ordonnance nommant à la tête de Transco deux personnalités issues de l’Union sacrée :
Christian Mbere, du BUREC, au poste de Directeur général ;
Serge Bwatuka, de l’UDPS, comme Directeur général adjoint.
Une décision perçue à l’époque comme un geste d’équilibre politique au sein de la coalition présidentielle.
Une suspension controversée
Mais le 6 février 2025, le ministre Bemba a surpris plus d’un en suspendant le comité Mbere, sans qu’aucun rapport d’audit ou de faute grave ne soit évoqué publiquement.
Dans la foulée, il aurait nommé à ces postes deux cadres de son propre parti, le MLC, dont l’un n’était même pas agent de Transco, selon plusieurs témoignages internes.
Cette mesure, jugée « illégale et irrégulière », n’a été accompagnée d’aucune enquête officielle ni d’une ordonnance de remplacement. Depuis, la société fonctionne dans une zone grise juridique, entre décisions ministérielles et silence présidentiel.
Les agents dénoncent un désordre administratif
Des employés de Transco affirment que la gestion du comité Mbere avait permis de maintenir la société à flot, malgré l’absence de subventions d’équilibre depuis plusieurs années.
Pour eux, la suspension décidée par le ministre « viole les règles de gouvernance des entreprises publiques » et « fragilise l’autorité du Chef de l’État ».
« Ce n’est pas seulement une affaire administrative, c’est un acte politique qui remet en cause la hiérarchie entre le gouvernement et la présidence », confie un cadre proche du dossier.
Un appel à l’arbitrage présidentiel
Alors que le flou persiste, plusieurs voix appellent le président Félix Tshisekedi à trancher ce différend et à rétablir la légalité.
Pour les défenseurs du comité suspendu, seul un retour à l’esprit de l’État de droit prôné par le Chef de l’État pourrait mettre fin à cette crise silencieuse qui mine Transco.
Henry MLND