Le Prix Nobel de la paix 2018, le docteur Dénis Mukwege est sceptique quant à l’issue des médiations menées par le Qatar et les USA dans la résolution de la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC.
Alors que la RDC et le Rwanda ont signé vendredi 25 avril, une déclaration de Principes ouvrant une voie vers la paix, la stabilité et le développement économique intégré dans l’est de la RDC et la reprise de relations bilatérales normales, l’ancien candidat à la présidentielle de décembre 2023 estime que la multiplication d’initiatives éparses n’offre pas de « gage sérieux » pour mettre fin aux hostilités dans l’Est ni pour restaurer la stabilité dans la région des Grands Lacs africains.
« Si les annonces faites par les parties vont dans le sens de la conclusion d’une trêve, qui serait une nouvelle positive, il sied de rappeler ici qu’une demi-douzaine de trêves et cessez-le-feu ont eté signés dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi, aujourd’hui fusionnés, pour être ensuite systématiquement rompus, démontrant la mauvaise foi flagrante des forces d’agression et d’occupation, qui se sont distinguées par leur mépris constant pour la Charte de l’ONU, leur défiance continue face aux condamnations répétées de la communauté internationale, et leur recours à la stratégie du « talk & fight », a déclaré le fondateur de Panzi.
En outre, le Prix Nobel souligne que les pourparlers de paix facilités par le Qatar et la facilitation américaine demeurent largement « opaques », alors que la transparence est de mise pour rétablir la confiance et avancer vers une feuille de route crédible. A l’en croire, ces manœuvres de l’ombre sont dictées par des intérêts économiques et financiers étrangers à ceux de la population congolaise.
« Pour ces différentes raisons, même si nous sommes en faveur des efforts visant à la désescalade pour arriver à un cessez-le-feu et faire taire les armes, nous demeurons circonspects suite à la publication des récentes déclarations car ceux qui cherchent à restaurer la paix dans l’Est de RDC ne doivent pas perdre de vue non seulement que ce conflit armé est en grande partie international, mais aussi qu’il dure depuis des décennies, a provoqué la mort et le déplacement de millions de personnes, la commission de crimes internationaux les plus graves et l’une des catastrophes humanitaires la plus dramatique du monde, et ne peut par conséquent pas se satisfaire de solution a minima », a martelé le lauréat du Prix Sakharov.
Conscient de la dimension interne de l’actuelle crise, Mukwege plaide pour mettre fin à la dimension internationale du conflit pour ensuite trouver des solutions intra congolaises, dans l’esprit des démarches initiées par la CENCO et l’ECC avec le Pacte social pour la paix.
Mont Carmel Ndeo