Malgré l’accord de paix récemment conclu avec le Rwanda grâce à la médiation des États Unis d’Amérique, le gouvernement de la République démocratique du Congo ne compte faire aucune concession aux auteurs des crimes graves perpétrés dans l’est du pays depuis près de trente ans.
La ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba a affirmé jeudi que le gouvernement congolais ne va aucunement renoncer à la justice.
« L’accord ne vise pas à humilier un partenaire. Il s’agit d’un compromis diplomatique. Cela ne signifie pas que nous renonçons à la vérité ou à la justice. Les rapports sont accablants. La vérité est connue. Ce que nous devons construire désormais, c’est un écosystème solide capable de garantir que justice soit faite, que les responsabilités soient établies, et que les violations ne se répètent plus », a déclaré Thérèse Kayikwamba Wagner lors d’un briefing presse organisé à Kinshasa.
La cheffe de la diplomatie congolaise explique que l’accord en soi prend en compte les problèmes prioritaires parmi lesquels la paix et l’intégration économique régionale mais, la justice fait parti des engagements du gouvernement.
« Ce n’est pas un accord qui prétend régler tous les problèmes. Il faut le lire comme un texte qui se concentre sur certaines missions prioritaires, mais qui s’inscrit dans un écosystème plus large d’actions et d’initiatives », a-t-elle ajouté soulignant que la justice ne se réduit pas à ce qui est écrit dans un traité.
A ce titre, elle a rappelé la récente décision du Conseil des droits de l’homme d’envoyer une commission d’enquête internationale.
« Même si cette thématique n’est pas explicitement reprise dans l’accord, elle conserve toute sa valeur. La justice progresse, à travers le débat public, à travers les enquêtes, à travers les mécanismes internationaux », a-t-elle insisté.
Complétant la ministre des Affaires étrangères, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya a mis en lumière les défis financiers et logistiques qui ralentissent certains processus, notamment en matière de justice transitionnelle.
Il a toutefois réaffirmé l’engagement et la détermination du gouvernement congolais. « La paix, aussi précieuse soit-elle, reste fragile. Elle doit être accompagnée d’actes concrets, de justice, de mémoire et de garanties de non-répétition », a martelé le ministre de la Communication et Médias.
Dans une série de plaidoyers, le candidat à la présidentielle de décembre 2023, Denis Mukwege a appelé à la mise en place d’une justice transitionnelle afin de prévenir la répétition des conflits et des violations graves des droits humains et du droit international humanitaire et instaurer une paix durable en RDC.
Le Prix Nobel de la paix est convaincu que la paix ne peut se réduire à faire taire les armes, à obtenir un « armistice et à faire du business car pour être juste et durable, elle ne peut faire l’économie de la justice, du respect des droits humains et du droit international ».
« La justice, la vérité et des réparations constituent des préconditions à la réconciliation et à la cohabitation pacifique au sein des pays des Grands Lacs africains. Aucun accord ne doit passer sous silence les massacres à grande échelle qu’on subit la population civile congolaise, les viols commis sur des centaines de milliers de femmes, et les déplacements forcés de millions de personnes », a-t-il martelé.
Dans son allocution à l’occasion de la commémoration du 65ème anniversaire de l’indépendance, le Président Félix Tshisekedi a réitéré sa détermination à continuer à exiger que justice soit rendue aux victimes et que les responsables des atrocités répondent de leurs actes.
Mont Carmel NDEO