La situation humanitaire continue à s’aggraver dans l’est de la République démocratique du Congo alors que les affrontements s’intensifient entre les rebelles de l’AFC-M23 soutenus par le Rwanda et les Wazalendo, alliés de l’armée congolaise, particulièrement dans la région du Kivu.
Mercredi, devant le Conseil de sécurité de l’ONU à New York, la ministre des Affaires étrangères, Coopération Internationale et Francophonie, Thérèse Kayikwamba Wagner a laissé entendre qu’aucune disposition de la Résolution 2773 n’a été observée.
Elle a déploré l’inaction de la communauté internationale face aux actions de l’AFC-M23 qui, au regard du développement de la situation sécuritaire et humanitaire, semble avoir défié le Conseil de sécurité, organe décisionnel de l’Organisation des Nations Unies.
« 54 jours de se sont écoulés depuis l’adoption de la Résolution 2773 marquée par l’attente, l’inertie et la poursuite des violences. Sur le terrain, rien n’a changé. Les violations persistent, les tensions s’aggravent et la paix demeure hors de portée. Le dernier rapport du secrétaire général de l’ONU est sans équivoque, les aéroports de Goma et de Bukavu sont sous le contrôle effectif du M23 et de l’armée rwandaise. Dans les zones occupées, les exécutions sommaires, enlèvements, enrôlements forcés et atteinte aux droits fondamentaux se multiplient. Une dérive plus grave encore s’installe à savoir l’imposition d’un ordre politico-juridique parallèle fondé sur la force au mépris de l’autorité souveraine de l’Etat congolais », a déclaré la cheffe de la diplomatie congolaise.
Dans son intervention, Thérèse Kayikwamba a également révélé que la crise humanitaire a atteint un seuil critique tandis que le nombre des déplacés a explosé.
« A cette dynamique de prédation politique et militaire, s’ajoute une autre urgence : la crise humanitaire. Comme l’a souligné le secrétaire général dans son rapport et la directrice de l’UNICEF, elle atteint un seuil critique. Plus d’un million et demi de nouveaux déplacés, des zones entières et inaccessibles et une intensification des attaques contre les camps de déplacés et les centres de santé. Parallèlement, le coût budgétaire imposé aux agences humanitaires du système des Nations Unies compromet gravement leur capacité d’intervention. Les besoins explosent, les ressources s’effondrent et l’espoir s’efface », a-t-elle alerté.
Face à cette crise, le gouvernement congolais appelle à une intervention immédiate de la communauté internationale. Kinshasa estime que l’urgence humanitaire en RDC ne peut plus attendre.
« Il en va de notre devoir moral, mais aussi de la stabilité régionale. Le flux des réfugiés vers les pays voisins fragilise les écosystèmes sociaux déjà précaires et nous devons le dire avec lucidité. Le retour des déplacés et des réfugiés dans un contexte d’occupation prolongée et de tentative de repopulation imposée, est une question hautement sensible car elle touche à la cohésion sociale, et à la mémoire des territoires. Mal gérée, elle deviendra un terreau fertile pour des conflits futurs », a martelé la ministre des Affaires étrangères.
C’est depuis le mois de février que le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité, la résolution 2773. Cette résolution réaffirme l’engagement du Conseil en faveur de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC à la lumière du soutien du Rwanda au Mouvement rebelle du M23.
Elle enjoint le M23 à arrêter toutes ses offensives et à démanteler dans leur intégralité les administrations parallèles illégitimes mises en place sur les zones occupées tandis que le Rwanda est appelé à mettre fin à tout soutien au M23 et à retirer immédiatement ses troupes de la RDC.
Selon le représentant de la RDC à l’ONU, plus de la moitié de l’armée rwandaise (RDF) a été déployée sur le territoire congolais aux côtés des rebelles de l’AFC-M23.
Mont Carmel Ndeo