Le retour controversé de l’ancien Président de Joseph Kabila Kabange, dans la partie orientale de la République démocratique du Congo, depuis fin mai dernier, aurait suscité des tensions internes au sein de l’AFC-M23, une rébellion soutenue par le Rwanda et qui depuis mi-janvier de 2025, contrôle les villes stratégiques de Goma et de Bukavu où elle a installé une administration parallèle.
Alors que l’ancien Chef de l’Etat inscrit sa présence dans le cadre de la recherche d’une solution pacifique et durable à la crise multidimensionnelle dévastatrice dans l’est du pays, son séjour et les consultations citoyennes organisées, n’ont pas été vus de bon œil par la rébellion.
Selon un nouveau rapport confidentiel des experts de l’organisation des Nations Unies ( ONU), ces tensions internes ont également été exacerbées par des nominations internes contestées.
« Ces tensions ont ravivé les divisions entre factions historiques rwandaises et ougandaises. Afin de restaurer la cohésion et de renforcer le soutien populaire à l’AFC/M23, le gouvernement rwandais aurait prévu de nommer Laurent Nkunda sous le coup de sanctions, à un poste important au sein de l’AFC/M23 », indique le rapport du groupe d’experts des Nations-Unies.
Les experts renseignent également que le commandement militaire général de l’AFC/M23 est resté sous la responsabilité du « général » Sultani Makenga et la direction politique sous celle de Bertrand Bisimwa et Corneille Nangaa.
« Les dirigeants militaires et politiques de l’AFC/M23 ont continué de recevoir des instructions et le soutien du gouvernement rwandais et de ses services de renseignement. Le Rwandais-Congolais Fred Ngenzi Kagorora et le général de brigade Patrick Karuretwa ont maintenu des contacts fréquents avec Makenga, Bisimwa et le « colonel » Imani Nzenze », ajoute le même document.
Nangaa écarte de la gestion de l’AFC-M23
Cependant, le rapport soumis au comité des sanctions du Conseil de sécurité des Nations-Unies renseigne que Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), présenté comme le coordonnateur de l’AFC/M23 a été écarté de la direction par le Rwanda qui exerce un contrôle sur ce mouvement rebelle.
D’après le rapport, le régime de Kigali qui l’aurait recruté pour « congoliser » la rébellion, lui reproche des ambitions visant à renverser militairement les institutions à Kinshasa.
« En revanche, Corneille Nangaa, initialement présenté comme le visage politique de l’AFC/M23 pour recadrer la rébellion comme un problème congolais a été progressivement mis à l’écart par le Rwanda. Ce changement s’explique principalement par l’ambition personnelle de Nangaa de prendre le pouvoir à Kinshasa par la force. Si le Rwanda et le M23 souscrivaient à l’idée d’un changement de régime, ils n’étaient pas favorables à une campagne militaire visant Kinshasa », souligne le groupe d’experts.
Mont Carmel NDEO