La République démocratique du Congo a rappelé à l’ONU sa part de responsabilité dans la situation sécuritaire actuelle dans sa partie orientale, devenue terre fertile à l’émergence des groupes armés.
Dans son intervention lors de la réunion du Conseil de sécurité au siège de l’ONU à New-York, la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba a déclaré que la RDC paie le pont cassé des certaines décisions prises par cet organe onusien à l’aube du genocide des tutsis au Rwanda en 1994.
« Avril est un mois de recueillement, celui où nous commémorons le genocide rwandais, le génocide contre les tutsis. Ce drame a, à juste titre, marqué la conscience mondiale. Mais il a aussi déclenché une autre tragédie : plus longue et souvent tue: celle du peuple congolais. Depuis 30 ans, l’est de la RDC subit le repli de cette horreur initiale, il a absorbé seul, le choc d’une instabilité régionale née de la fuite des génocidaires, de la prolifération des groupes armés, et d’une logique de représailles sans fin. Cette situation trouve son origine dans les décisions entre autres prises en 1994 par la communauté internationale sous la conduite du Conseil de sécurité à travers la Résolution 918 qui a encouragé les autorités congolais d’alors à ouvrir leurs frontières pour accueillir les réfugiés rwandais », a déclaré Thérèse Kayikwamba allusion faite notamment à l’opération Turquoise.
« Ces décisions prises sous la pression de l’urgence humanitaire ont eu pour effet d’importer le conflit permettant à des responsables de se retrancher à l’intérieur de notre territoire. Depuis lors, la RDC est caractérisée par les cycles récurrents de violences et d’ingérence violente initialement justifiée par des préoccupations sécuritaires, mais éventuellement motivé par des gains économiques et l’exploitation de nos ressources, nous congolais appelons cette tragédie GENOCOST », a-t-elle renchéri.
instabilité dans l’Est : un héritage direct de l’Opération Turquoise
Isolé sur le plan diplomatique par la France, la Belgique et les États-Unis d’Amérique, le Président-maréchal zaïrois, Mobutu a fini par accepter l’inacceptable.
En effet, pour renouer avec ses soutiens occidentaux, Mobutu Sese Seko a mis à la disposition des troupes françaises les aéroports de Goma et de Kisangani en vue de l’intervention organisée par la France et autorisée par la résolution 9291 du 22 juin 1994 du Conseil de sécurité des Nations Unies lors du génocide des Tutsis au Rwanda.
Baptisée « Turquoise », cette opération était à la base présentée comme une initiative humanitaire. En réalité, forte d’un déploiement de plus de 2 500 hommes, elle avait pour mission de mettre fin, éventuellement par la force, aux massacres partout où cela aurait été possible. Mais cette importante intervention militaire n’a pu empêcher l’arrivée massive de millions de réfugiés Hutus, parmi lesquels des génocidaires, dans le territoire zaïrois. Fuyant les massacres au Rwanda, des flots humains, civils et militaires se sont réfugiés vers ce qui était encore le Zaïre ( actuelle RDC).
Les FDLR doivent rentrer au Rwanda
Alors que le Rwanda continue d’utiliser le prétexte FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) pour justifier sa présence militaire en RDC, la cheffe de la diplomatie congolaise est formelle : « les FDLR n’ont pas vocation à rester en RDC ».
« Ils doivent rentrer au Rwanda. Leur présence alimente un prétexte commode à des interventions injustifiables. Et le Rwanda doit reconnaître cette réalité comme une part de son propre héritage », a déclaré Thérèse Kayikwamba pour qui cette parenthèse doit être définitivement refermée.
« Il est temps de refermer cette parenthèse, de cesser définitivement de recycler les FDLR comme l’a documenté le groupe d’experts des Nations Unies. Nous le diviserons dans toute sa complexité, sans hiérarchiser les douleurs, sans manipuler les morts », a-t-elle conclu.
Mont Carmel Ndeo