Par le truchement de son porte-parole, Patrick Muyaya, le gouvernement de la Republique démocratique du Congo a réagi à la proposition de l’opposant Olivier Kamitatu, directeur de cabinet de Moïse Katumbi, sur la création d’une République fédérale du Congo.
Dans une tribune de réflexion, Olivier Kamitatu préconise un système fédéral structuré autour de cinq grandes régions à savoir : l’Orientale, l’Équateur, le Kongo, le Kasaï et le Katanga. Il estime que la structure de gouvernance centralisée de la RDC n’a pas permis de répondre aux défis auxquels le pays est confronté, notamment la gestion des ressources naturelles, la pauvreté et les conflits armés.
L’ancien président du Parlement de Transition propose que ces régions soient autonomes, disposant chacune d’un gouvernement local élu avec des pouvoirs constitutionnels clairs, incluant la gestion de leurs propres ressources naturelles et la mise en œuvre de politiques adaptées à leurs réalités économiques, sociales et culturelles.
Lors d’un briefing animé lundi 14 avril, le ministre de la Communication et Médias, porte-parole du gouvernement a laissé entendre que le moment n’est pas propice à ce débat alors que le contexte actuel marqué par l’agression dans l’est du pays.
Il a déploré le silence du porteur de cette initiative face aux crimes commis par l’armée rwandaise et ses supplétifs de l’AFC-M23 dans les zones assiégées au Nord et Sud-Kivu.
« Permettez-moi, même si on veut faire un détournement, si on était déjà annonciateur d’une arrivée qui n’est jamais arrivée et qui n’arrivera peut-être pas, on cherche à faire diversion. C’est très malsain et indécent de vouloir ouvrir un débat comme celui-là dans un contexte où vous n’avez jamais eu le courage de condamner ceux qui ont touché aujourd’hui à l’intégrité du territoire national. Vous voulez parler du fédéralisme là où vous avez des agresseurs qui tuent tous les jours et que vous n’avez même pas le courage et le bon sens d’exprimer la solidarité pour vos propres frères », a déclaré Patrick Muyaya.
Pour lui, le moment choisi pour ouvrir ce débat cache un agenda suspect.
« C’est tellement suspect que cela soutient l’idée de ceux qui pensent que c’est le moment de balkaniser la RDC. Et c’est ça l’intention cachée. C’est justement le côté malveillant de ce débat qui peut paraître au départ intéressant, mais en réalité ne l’est pas dans le contexte actuel », a-t-il renchéri.
Complétant le porte-parole du gouvernement, le vice-Premier ministre, ministre de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba a déclaré que la restauration de l’intégrité territoriale doit être la priorité nationale.
« Le moment est un peu suspect de parler du fédéralisme alors que la bataille qui en vaut la peine pour le moment, c’est la bataille de la restauration de l’intégrité nationale. Dans le pays aujourd’hui, la personne qui a la meilleure connaissance de ce débat, c’est Olivier Kamitatu, parce qu’il fut président de l’Assemblée nationale dans le parlement de la transition qui a rédigé la Constitution. Je peux affirmer, pour l’avoir entendu personnellement dire, qu’il a des minutes de débat. Ce débat avait été houleux sur la question entre l’unitarisme et le fédéralisme. La transcription de ce débat, je crois qu’il les a. Je lui suggérerais un jour, quand il pensera à rédiger ses mémoires, de les rendre publiques et de nous replonger dans cette salle où se tenait ce débat, avec ses pour et contre et les arguments qui ont poussé les constituants à nous produire la Constitution que nous avons aujourd’hui » a dit le ministre de l’Économie.
La proposition de Kamitatu, l’un des rédacteurs de l’actuelle Constitution, intervient dans un contexte où le Rwanda s’emploie à accomplir le plan de balkanisation de la RDC via les rebelles de l’AFC-M23, qui contrôlent plusieurs territoires dans Nord-Kivu, y installant une administration parallèle.
Mont Carmel Ndeo