L’opposition politique congolaise est divisée à l’idée des négociations directes prévues ce mardi 18 mars à Luanda, entre le gouvernement, les rebelles de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) et du mouvement du 23 mars (M23), sous l’égide du président angolais et président en exercice de l’Union Africaine, Joao Lourenco.
Si d’un côté les autorités de la RDC et certains ténors de l’opposition dont trois anciens candidats à la présidentielle de décembre 2023, à savoir Moïse Katumbi, Martin Fayulu et Matata Ponyo sont favorables à ces pourparlers, d’autres en revanche, s’y opposent catégoriquement. C’est le cas notamment de l’ancien premier vice-président de l’Assemblée nationale, Jean-Marc Kabund.
Dans une déclaration, son parti, Alliance pour Changement (A.Ch) qui salue les efforts du président angolais, estime tout de même que toute négociation directe entre le Président de la République, Félix Tshisekedi et le M23 dans sa forme actuelle, affaiblirait la position diplomatique de la RDC dans les cadres établis à Luanda et Nairobi, et reviendrait à cautionner un groupe armé encore sous influence étrangère.
Cette formation politique préconise le retrait de l’armée rwandaise (RDF) qui arme la rébellion du M23 qui occupe de larges pans de territoires dont les villes de Goma et de Bukavu, comme condition préalable au dialogue.
« Aucune négociation directe avec le M23 ne peut avoir lieu tant que le Rwanda n’a pas retiré ses forces militaires du territoire congolais », a préconisé l’A.Ch.
Pour le parti politique de Jean-Marc Kabund, le dialogue prioritaire doit se tenir entre le gouvernement congolais et le Rwanda, dans le cadre du processus de Luanda, afin de clarifier les revendications rwandaises et parvenir à un accord garantissant le retrait total et définitif des Forces de Défense Rwandaises (RDF) du territoire congolais.
« Ce retrait devra être vérifiable et certifié par des institutions régionales et internationales », a martelé le secrétaire général du parti, Belly Mutono Chari qui appelle la communauté internationale à redoubler d’efforts pour ramener Kigali dans le processus de Luanda, préalable à un dialogue intercongolais inclusif, gage d’une paix durable dans la partie Est du pays.
« Une fois le Rwanda retiré du sol congolais, un dialogue national et inclusif, parrainé par l’ONU avec un facilitateur neutre désigné par le Conseil de sécurité des Nations Unies, devra être engagé entre toutes les composantes : acteurs politiques, société civile et groupes armés, dans l’optique de trouver une solution durable et pérenne à la crise politico-sécuritaire en RDC », ajoute la même source.
Dans ce format, ce forum intercongolais inclura également M23 dépouillé de toute influence étrangère, en tant que groupe armé ayant des revendications congolaises, et non plus comme un relais d’intérêts extérieurs.
En prélude au dialogue direct avec Kinshasa qui s’ouvre le 18 mars, le M23 va dépêcher ce lundi 17 mars, une délégation de 5 personnes à Luanda, capitale angolaise.
Mont Carmel Ndeo