7 ans après les violences de la milice Kamwena Nsapu au Kasaï central, plusieurs dossiers graves ont étés ouverts notamment l’exhumation de certains corps grâce à la médecine légale avec l’appui du bureau conjoint des nations unies qui a mis à la disposition de la justice militaire un laboratoire moderne.
«Beaucoup des dossiers graves ont été ouverts, des dossiers des crimes graves dans lesquels plusieurs victimes existent, il y a eu plusieurs morts, c’est grâce à la médecine légale, avec l’appui du bureau conjoint des nations unies, que nous sommes arrivés à exhumer certains corps qui sont placés dans le laboratoire de la médecine légale et de la criminastique, un ouvrage qui est en train de nous faciliter sérieusement le travail »,A dit le Major Mabino Shindano, Magistrat instructeur
De l’autre côté, les victimes ne cessent de réclamer justice, après l’ouverture au mois de mars dernier à Kinshasa, du procès des exactions de la milice Kamwena Nsapu au site religieux « Mulombeli », situé près de l’aéroport de Kananga qui a été, en septembre 2016, le théâtre d’atrocités.
Deux responsables de la police et de l’armée congolaise sont jugés pour leur rôle présumé dans ces violences
Contexte
Les faits se déroulent à près de 1 000 kilomètres de la capitale du Congo, Kinshasa, fin septembre 2016. Ils succèdent à une attaque de l’aéroport de Lungandu, dans la périphérie de Kananga, la capitale du Kasaï-Central, par la milice Kamwina Nsapu – des partisans du chef coutumier Jean-Prince Mpandi Kamwina Nsapu, tué en août de la même année, entrés en rébellion. En représailles, les forces de sécurité lancent une expédition sur le camp de l’église Christ Roi Mulombodi où se seraient réfugiés les miliciens. Le site abrite temple, fidèles et chef spirituel de l’église. Ce dernier est appelé le « Mulombodi » – le « guide », en français.
Dans la nuit du 23 au 24 septembre 2016, des éléments de la Police nationale congolaise et des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), partis à la poursuite des miliciens, forcent les portes du site religieux une à une. Ils violent, selon l’accusation, plusieurs dizaines de femmes et tuent au moins 11 personnes. Des témoins rapportent également que des hommes ont été enlevés et emmenés au camp de l’académie militaire de Kananga, communément appelé « camp EFO », en référence à son ancienne appellation – École de formation des officiers. Certains ne sont jamais rentrés chez eux, à en croire les témoignages de leurs proches. Ces arrestations illégales pourraient constituer « un crime contre l’humanité », selon les termes de l’auditeur général, cité dans la décision de renvoi.
Depuis le 20 mars, deux officiers généraux sont en procès pour ces faits : le général de brigade Emmanuel Lombe Bangwangu, 66 ans, et le commandant divisionnaire adjoint Gilbert Vumilia Tendilonge, 72 ans, respectivement commandant de la 21e région militaire et commissaire provincial de la police à l’époque. Les deux hommes sont en liberté mais seul le général Vumilia, à la retraite, s’est présenté à cette audience. Quant au général Lombe, il était absent « pour des raisons administratives », selon une source proche du dossier. Actuellement en poste à la base militaire de Kitona dans le Kongo Central, à environ 600 kilomètres au sud-ouest de Kinshasa, il n’aurait pas obtenu l’autorisation de se déplacer.
James Kabwe