Lors de sa prédication au cours de la célébration eucharistique du dimanche 24 juin 2024 à la cathédrale Notre Dame du Congo (NODACO) située la commune de Lingwala à Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo Besungu est revenu sur les massacres perpétrés il y a quelques semaines par les rebelles dans le territoire de Lubero au Nord-Kivu, dont près de 42 civils ont été victimes.
Ce prélat catholique a laissé entendre que, ce que les congolais sont en train de subir actuellement avec l’insécurité causée par les différents groupes rebelles dans la partie Est du pays, un autre peuple ne peut le supporter.
« Nous sommes tous témoins de ce qui se passe à l’Est et c’est vraiment l’incompréhension face à l’amplification des tueries et surtout le déplacement de la population chassée loin de leurs villages. Nous nous posons des questions: pourquoi? En plus de ceux qui ont été tués pour leur foi, dans la partie Nord-Kivu, notamment dans les territoires de BENI, BUTEMBO, en descendant vers Goma, en passant par MASISI, RUTSHURU et Nyiragongo, là l’où on continue à tuer. Nous nous posons vraiment des questions: mais comment cela peut se faire aujourd’hui? Et cela se fait dans une sorte d’indifférence générale de la Communauté internationale. Même si la MONUSCO est là, personne ne sent qu’il y a une présence de la Communauté internationale. La tuerie du peuple congolais n’émeut personne. Le déplacement massif de la population congolaise à l’intérieur du pays même et à l’extérieur, laisse indifférente la conscience de la Communauté internationale. Il y a vraiment lieu de se poser des questions. Qu’est-ce que nous, peuple congolais, avons fait pour mériter ce traitement? » S’interroge-t-il.
Et d’ajouter :
« Nous devons faire la distinction entre l’Islam pacifique, des musulmans qui sont avec nous, par exemple à Kinshasa, qui travaillent avec nous, qui collaborent avec nous, qui travaillent aussi pour le développement du pays. Ceux-là ne font pas problème. Je crois que ce serait une injustice de mettre tout le monde dans le même sac. À côté de ces musulmans, c’est d’ailleurs la grande partie, il y a une infime minorité qui s’est installée dans la région de Beni et qui, depuis quelques années déjà, se revendiquent de l’Islam dur. Et ce sont ces gens qui s’adonnent à des tueries sans cœur et nous avons l’impression qu’ils sont soutenus quelque part. Sinon, comment voulez-vous qu’une petite minorité qui brûle tout un village, qui massacre, qui égorge et après se retire dans la forêt? À cause de ces gens, le pouvoir de Kinshasa avait sollicité l’appui de l’Ouganda. De ce côté-là, il n’y a pas que le Rwanda, mais aussi l’Ouganda. Le peuple congolais, par nature, est un peuple d’espérance parce que c’est ce que ce peuple vit depuis plusieurs décennies. Si ça arrivait à un autre peuple, je crois qu’il serait déjà trop tard. Je crois qu’on ne parlerait plus de ce peuple-là. Mais curieusement, le peuple congolais est un peuple qui s’accroche à la vie, c’est un peuple qui croit à son avenir et malgré la morosité, la tristesse du moment, le peuple congolais est convaincu que son avenir sera meilleur. Et moi personnellement, en tant que pasteur, au nom de l’espérance chrétienne, je continue à encourager notre peuple à ne pas céder à la tentation du découragement. Parce que, une fois qu’il cède à la tentation du découragement, c’est offrir notre pays comme un gâteau sur un plateau à l’ennemi. Et l’ennemi ne veut que ça. Si j’ai un message pour mon peuple, c’est de ne jamais paniquer, ne jamais céder au jeu de l’ennemi. L’espérance chrétienne est là pour nous soutenir dans notre combat » a dit le Cardinal Fridolin Ambongo.
Il y a lieu de signaler que, sa Sainteté le pape François avait également déploré les combats et les massacres des civils dans la partie Est de la RDC, dont plusieurs chrétiens ont été victimes.