Le 17 janvier 2024, la République Démocratique du Congo commémora le 62ème anniversaire de la mort de son Premier Ministre, Patrice E. Lumumba. Considéré comme un héros et un symbole du combat pour la liberté, largement apprécié pour son rôle de leader politique et indépendantiste congolais, Lumumba marqua l’histoire de manière significative.
Son assassinat, tristement célèbre, a fait de lui un martyr ainsi qu’une référence dans la lutte pour la justice en Afrique. Son meurtre a suscité à travers le monde entier une vague d’indignation et a renforcé la détermination des mouvements de libération à travers le continent.
Plus de six décennies plus tard, Patrice Emery Lumumba, continue d’être largement vénéré en RDC comme un héros national et une image représentative de la lutte pour l’indépendance et la dignité humaine. Cependant, malgré un héritage perpétué à travers des monuments, des rues et des institutions à son honneur, nombreux s’accordent à dire que ce vaste pays d’Afrique centrale ne reflète que très peu la vision progressiste de l’ancien chef du gouvernement.
« Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient. »
Cet adage souligne l’importance de l’apprentissage et de la réflexion sur les expériences passées afin d’assurer son futur. En se souvenant de nos échecs, de nos réussites, de nos leçons apprises, nous sommes mieux préparés à prendre des décisions plus éclairées et à éviter de répéter les mêmes erreurs. Nous pouvons alors bâtir un avenir plus prometteur et évolutif.
Cela signifie également que la connaissance de l’histoire et des évènements passés est essentielle pour comprendre les problèmes actuels et pour envisager des solutions innovantes. Ce principe peut s’appliquer tant au niveau individuel que collectif, que ce soit dans notre vie personnelle, notre carrière professionnelle ou même au sein de sociétés et de nations.
Histoire et héritage
Se rendre compte de l’histoire est un processus continu qui nécessite un engagement à apprendre, à remettre en question ainsi qu’à réévaluer nos idées préconçues. L’héritage est un patrimoine qu’une personne laisse à son décès.Afin d’allier histoire et héritage,il est important de développer une perspective plus large. En outre, lorsque nous comprenons les causes et les conséquences des évènements passés, nous pouvons prendre des décisions plus informées et contribuer à un avenir meilleur.
Il semblerait qu’en République Démocratique du Congo, nous ayons connaissance de l’histoire de Patrice Emery Lumumba et que nous ayons hérité des conséquences de son assassinat plutôt des causes qui l’ont mené vers cette mort atroce. Ses idéaux ont eu raison de lui et n’ont pas eu le temps d’être intégrés.
Entre connaissance et prise de conscience
La connaissance et la prise de conscience sont deux concepts interconnectés mais distincts. Nous avons d’une part, la connaissance qui est le fait de comprendre le monde qui nous entoure, d’acquérir des compétences grâce à l’expérience, l’éducation, la recherche, etc. D’autre part, la prise de conscience reconnaît l’importance et l’impact d’une chose.
Peut-on dire que les Congolais ont hérité d’une histoire sans en connaître la profondeur ?
« Patrice E. Lumumba a combattu le colonialisme sans savoir que se dressait le néocolonialisme. »
En réalité, au-delà du crime odieux dont a été victime Patrice Lumumba, ce sont les mains noires derrière cet assassinat qui devraient nous interpeller. Un meurtre, commandité depuis Bruxelles, Washington et Léopoldville, qui reste jusqu’à ce jour impuni. Cette partie importante de l’histoire reste occultée et se trouve que très peu au-devant de la scène.
Au moment des indépendances, les idées panafricanistes sont très populaires, ce qui ne réjouit pas nos « anciens » bourreaux. Ces derniers veulent absolument éliminer tous ceux qui ne désirent pas jouer leur partition.
Patrice Lumumba, Premier Ministre du gouvernement Kasa-Vubu, désavoue son président, le jugeant trop proche des blancs et de la pensée occidentale. Ses visions progressistes se heurtent au racisme ordinaire. En effet, celui qu’on a surnommé « le chaos du Congo Belge » par feu le roi Baudouin, scellera son sort lorsqu’il demandera l’aide des soviétiques pour transporter ses troupes jusqu’au front Katangais. Le 18 août, à Washington, le président Eisenhower a présidé une réunion du Conseil de sécurité nationale durant laquelle le directeur de la CIA, Allen Dulles plaida pour l’élimination physique de Lumumba.
Connaitre l’histoire de Patrice Emery Lumumba, c’est saisir qu’il est le héros d’une bataille et qu’en fin de compte, c’est la guerre qui a eu raison de lui. Une guerre, qui ne disait pas son nom, mais qu’on identifie aujourd’hui comme «le néocolonialisme ».
Saïd Bouamama, sociologue et militant associatif au Front Uni de l’Immigration et des Quartiers déclara : « Le néocolonialisme est l’instauration de mécanismes de dépendance sans occupation militaire ».
Apprendre pour comprendre
Il est essentiel de donner un sens et une signification à la commémoration de Patrice E. Lumumba, en donnant le contexte historique de son sacrifice , en racontant son parcours politique tout en encourageant la réflexion et l’apprentissage ainsi qu’en mettant en évidence les leçons et les valeurs qui peuvent être tirées de son assassinat.
« Partout dans le monde, quand on proclame quelqu’un « héros », la moindre des choses serait de diffuser sa pensée politique, dans les écoles, à la radio, à la télévision… », a déclaré François Lumumba, fils de Patrice E. Lumumba.
L’avenir de la République Démocratique du Congo repose sur la vulgarisation et l’appropriation de la pensée politique de notre héros national. Ces deux aspects permettront au congolais de se comprendre et de se connecter à leur culture ainsi qu’à leurs racines dont le combat des pères dé l’indépendance. Cela renforcera leur sentiment d’appartenance à une grande nation tout en contribuant à un avenir meilleur.
À l’heure actuelle, l’émancipation de certains pays africains est l’héritage de la vision de Patrice E. Lumumba. Son programme politique a inspiré de nombreux dirigeants africains à lutter pour une plus grande souveraineté économique. Sa lutte pour la justice, l’unité africaine, et l’égalité des peuples restent d’actualité et continue de guider ceux qui cherchent à prospérer avec dignité .
« Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient. »