L’ancien Président Sud-africain, Thabo Mbeki a brièvement évoqué la question relative à la situation politique et sécuritaire qui prévaut en République démocratique du Congo.
A l’occasion de la Journée de l’Afrique à Dar es Salaam en Tanzanie, Thabo Mbeki qui a dirigé l’Afrique du Sud de 1999 à 2008, allègue que l’élite politique congolaise n’a pas su préserver l’héritage politique de l’ancien Premier ministre et Héros national, Patrice Lumumba. Il estime que les régimes qui se sont succédé ont exhumé le tribalisme combattu par Lumumba.
« Le problème fondamental au Congo est que vous n’avez pas eu de leadership, avec le niveau de compréhension que les dirigeants de la libération, sous Patrice Lumumba, avaient sur ce qu’est le Congo, comment il est constitué, comment surmonter l’héritage colonial. Que faites-vous ? Et l’une des choses que vous ne pouvez pas faire, c’est perpétuer les divisions tribales et régionales imposées par le système colonial. Si vous continuez ainsi, vous ne trouverez jamais la paix en RDC. Malheureusement, c’est ce qui est en train de se passer », a déclaré Thabo Mbeki.
Au sujet de la levée des immunités de Joseph Kabila par le sénat et les poursuites judiciaires en gestation, le président Mbeki alerte sur le risque de l’implosion du pays. Pour lui, cette démarche ne contribue pas à la résolution de la crise sécuritaire actuelle.
« Si Joseph Kabila est retourné dans l’Est, vous dites que vous avez levé ses immunités et que vous allez l’accuser de trahison et de tout ça. Ça ne résout rien. Tout ce qu’il fait, je dis dans le cas de Joseph Kabila, immédiatement, cela incitera le peuple de Katanga par exemple à dire, vous attaquez l’un de nous, donc nous sommes contre vous », a-t-il souligné.
« Qu’allez-vous en tirer ? Rien. Et le Kivu, les provinces orientales du Congo, diront alors que Kabila est avec nous. En effet, c’est pourquoi lui-même, lorsqu’il a quitté l’Afrique du Sud, il m’a dit, il dit, je vais dans l’est du Congo, dans le Kivu. Il savait que les gens là-bas l’accueilleraient parce qu’ensemble, ils disent qu’il y a quelque chose qui ne va pas à Kinshasa », a-t-il renchéri.
Joseph Kabila, qui a acquis le titre de sénateur à vie de par son statut de président honoraire, est revenu au pays, via la ville de Goma, quelques jours après la levée de ses immunités parlementaires ouvrant la voie à des poursuites judiciaires à son encontre.
La justice militaire l’accuse de « crime de guerre, crime contre l’humanité et participation à un mouvement insurrectionnel ».
Mont Carmel Ndeo