Alors que le procès contre l’ancien Président Joseph Kabila s’est ouvert ce vendredi, devant la Haute Cour militaire à Kinshasa, ses partisans sont montés au créneau pour dénoncer l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire pour des fins politiques.
Ferdinand Kambere, l’un des secrétaires du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) a exprimé son doute quant à la neutralité de l’instance judiciaire et à la légalité de la procédure.
« Ce procès pénal intervient dans un contexte où le régime de Félix Tshisekedi, fragilisé politiquement et diplomatiquement, tente de détourner l’attention publique d’une double capitulation : celle de Washington (27 juin 2025) et de Doha (19 juillet 2025). Deux accords par lesquels Kinshasa reconnaît, de facto, son impuissance militaire à l’Est et entérine un dialogue avec l’AFC/M23, mouvement autrefois qualifié de terroriste et de pantin du Rwanda », a-t-il asséné.
Selon lui, la décision de poursuivre l’ancien Chef de l’Etat alors que le gouvernement négocie avec la rébellion relève d’une justice à double standard.
« Le M23, jadis frappé de condamnations à mort dans le procès Naanga, se retrouve aujourd’hui partie prenante d’un accord de paix négocié en toute légitimité, tandis que Joseph Kabila est ciblé par une procédure pénale à son absence, devant une juridiction incompétente, en violation manifeste de la loi n°18/021 du 26 juillet 2018 sur le statut de l’ancien Chef de l’État », a-t-il dit.
Dans ce contexte, cet opposant, haut cadre du PPRD souligne que ce procès vise à écarter un l’ancien Chef de l’État du jeu politique national.
« Un tel usage du droit pénal constitue une dérive autoritaire. Car la justice pénale n’a pas vocation à réguler les rapports de force politiques c’est là le rôle du dialogue et du compromis démocratique », a déclaré Kambere.
Dans cet ordre d’idées, cet ancien ministre estime qu’en ciblant Joseph Kabila et les opposants, le régime de Kinshasa tente de construire un « camp de la patrie » sous domination présidentielle, en excluant ses contradicteurs politiques.
« Mais ce faisant, il s’éloigne de la logique de réconciliation nationale et s’expose à une reconfiguration de l’opinion publique qui veut se servir de la crise n’en déplaise à la population qui en est la victime », a-t-il martelé tout en appelant à l’unité nationale, au dialogue, à la réforme des institutions.
Ancien président et sénateur à vie, Joseph Kabila est poursuivi pour « participation à un mouvement insurrectionnel ; crime contre la paix et la sécurité de l’humanité ; homicide intentionnel par balles ; trahison ; apologie ; viol ; torture ; déportation et occupation à force ouverte de la ville de Goma ».
Mont Carmel NDEO