Dans un contexte de tension politique en RDC, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Jacquemin Shabani Lukoo, a suspendu temporairement les activités des partis politiques Action pour la dignité du Congo (ADCP), Mouvement Lumumbiste progressiste (MLP) et Union des patriotes Congolais (UPC).
L’ADCP est le parti politique de Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et coordonnateur du mouvement politico-militaire Alliance Fleuve Congo (AFC), qui se présente comme la branche politique du mouvement armé M23, contrôlant les villes de Goma, Bukavu et plusieurs localités dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu.
L’Union des patriotes Congolais (UPC) est la formation politique dirigée par le seigneur de guerre Thomas Lubanga, ex-prisonnier de la Cour pénale internationale. Il a récemment créé la Coopérative pour le développement du Congo (CRP), un mouvement armé allié du M23, qui opère dans la chefferie de Walendu Bindi, précisément à Aveba, au sud du territoire d’Irumu (Ituri).
Lors de la sortie officielle de ce nouveau groupe armé, son fondateur avait accusé le gouvernement central de mauvaise gouvernance, caractérisée par « les détournements, la corruption, la kleptocratie, la kakistocratie, l’égocratie, le caporalisme, le patrimonialisme, le tribalisme, le népotisme et le clientélisme ». Cette milice, alliée du M23 en Ituri, reproche au gouvernement d’avoir démissionné de sa mission régalienne, celle d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens.
L’autre parti concerné par cette mesure est celui de l’opposant Franck Diongo, accusé de rapprochement avec les terroristes de l’AFC/M23 après sa récente rencontre avec Corneille Nangaa. En réaction, l’ancien candidat à la présidentielle de décembre 2023 dénonce un « acte de guerre politique, une provocation directe contre la vérité, la liberté et le peuple congolais ».
« Depuis des années, je suis la cible d’un harcèlement d’État systématique : arrestations arbitraires, détentions illégales, torture psychologique, pillages, menaces et tentatives d’assassinat. Aujourd’hui, ils veulent tuer le MLP. Pas parce qu’il menace l’ordre public, mais parce qu’il menace leur imposture, leur corruption, leur pouvoir illégitime. Le MLP incarne la conscience populaire, la mémoire de Lumumba et la volonté d’un peuple qui refuse de mourir en silence », a pesté Franck Diongo.
Dans un message officiel, Jacquemin Shabani enjoint aux gouverneurs des provinces de veiller à l’application de ses arrêtés portant suspension des activités politiques desdits partis.
Mont Carmel Ndeo