A l’occasion de la journée internationale de la Francophonie célébrée le 20 mars de chaque année, la République Démocratique du Congo a réitéré le vœux d’œuvré pour l’avancée de cette communauté, mais Kinshasa fustige que l’OIF, qui doit défendre et promouvoir les valeurs de la Francophonie, reste aphone et inactive face à l’agression avérée de la RDC par le Rwanda, dont les troupes ont envahi la province du Nord-Kivu, soutiennent un groupe terroriste le M23 et se livrent à des crimes de guerre et contre l’humanité sur le territoire congolais.
Pour la RDC, ces actes, qui violent incontestablement la Charte de la Francophonie, celle des Nations Unies et les autres instruments juridiques qui régissent les relations internationales ne doivent pas rester impunis
Ci-dessous les détails du communiqué au regard de l’attitude, mieux, du silence et de l’indifférence de la Francophonie institutionnelle face à l’agression de la RDC par le Rwanda, un des membres de l’OIF, et des tragédies qu’elle provoque depuis plus de trois décennies
Le 20 mars de chaque année est célébré, dans le monde entier, comme journée internationale de la Francophonie. À cet effet, « Créer, innover, entreprendre en français : a été retenu comme le thème de l’année 2023, thème qui par ailleurs sera au centre des discussions au prochain Sommet de la Francophonie qui se déroulera, les 4 et 5 octobre 2024 en France, afin de mettre à l’honneur« celles et ceux qui expriment leur créativité, leur inventivité et leur esprit d’entreprendre en français >>.
En ma qualité de Vice-Premier Ministre, Ministre des Affaires Étrangères et Francophonie, j’aimerais saisir cette opportunité pour exprimer la position du Gouvernement de la République Démocratique du Congo tant par rapport à la langue française qu’à l’égard de l’organisation internationale de la Francophonie (OII), qui a la lourde charge d’assurer le bon fonctionnement et le rayonnement de la Francophonie à travers le monde.
La République Démocratique du Congo est membre à part entière de l’OIF. Il convient de rappeler que s’il est vrai que la Francophonie est fondée sur le partage d’une langue – le français – il ne reste pas moins vrai que la Francophonie est aussi une communauté des valeurs comme celles de paix, de démocratie, d’Etat de droit, de solidarité, d’égalité entre hommes et femmes et de diversité culturelle.
Nous croyons également en ces valeurs gravées dans notre Constitution et que nous nous efforçons d’appliquer chaque jour, comme l’ont démontré il y a quelques mois, les élections présidentielles, législatives et communales qui se sont déroulées dans notre pays, dans un climat de paix, de liberté, d’égalité de traitement et sans exclusion.
Notre ancrage à cet ensemble des valeurs, qui constituent le socle de l’unité des membres de l’OIF et la motivation profonde de notre engagement en son sein, ne cesse de nous questionner au regard de l’attitude, mieux, du silence et de l’indifférence de la Francophonie Institutionnelle face à l’agression de notre pays par le Rwanda, un des membres de l’OIF, et des tragédies qu’elle provoque depuis plus de trois décennies notamment le pillage éhonté de nos ressources naturelles, les déplacements forcés d’environ aujourd’hui six millions des personnes (femmes, enfants, vieillards) qui vivent quasiment dans un état de nature, sans abris, sans nourriture suffisante, à la merci de toute sorte de maladie, etc.
En effet, il est inadmissible et contradictoire que l’OIF, qui doit défendre et promouvoir les valeurs de la Francophonie, reste aphone et inactive face à l’agression avérée de la RDC par le Rwanda, dont les troupes ont envahi la province du Nord-Kivu, soutiennent un groupe terroriste le M23 et se livrent à des crimes de guerre et contre l’humanité sur le territoire congolais.
Ces actes, qui violent incontestablement la Charte de la Francophonie, celle des Nations Unies et les autres instruments juridiques qui régissent les relations internationales, doivent être condamnés sans équivoque par notre Organisation. Il est évident que par son attitude actuelle, l’OIF ne favorise ni l’unité entre ses membres, ni la confiance en elle. Bien au contraire, elle incite au doute et au désengagement. Il est donc grand temps, pour ceux qui ont en charge la gestion de notre organisation, de se ressaisir et de prendre des initiatives courageuses afin que notre organisation contribue véritablement à la solution de la crise sécuritaire à l’Est de la RDC et ce faisant, au rétablissement de la confiance entre ces deux membres en conflit et de la paix dans la région des grands Lac.
La Francophonie ne peut espérer prospérer et continuer à susciter de l’intérêt en elle que si elle se réconcilie avec ses valeurs et sa Charte.
Néanmoins, sans naïveté ni faiblesse, la RDC est convaincue que l’OIF reste une organisation au sein de laquelle elle a sa place et un rôle important à jouer. En effet, le français est la langue officielle de Notre pays. Le français, qui reste une langue de communication et d’accès à la science, sert de trait d’union entre différentes composantes de Notre nation, aux côtés de nos quatre langues nationales et plus de 300 langues locales que nous comptons.
À l’heure actuelle, la RDC est le plus grand pays francophone au monde, après la France, suivant le nombre de personnes qui utilisent le français dans leur vie quotidienne. Avec sa population qui ne cesse d’augmenter, la RDC renforcera son poids au sein de la communauté francophone universelle, grâce notamment au nombre de plus en plus élevé de filles et de garçons qui vont à l’école et qui apprennent le français.
Cette tendance est d’autant plus affirmée que la politique de la gratuité de l’enseignement de base, mise en œuvre par notre Gouvernement depuis cinq ans, sous l’impulsion de Son Excellence Monsieur le Président de la République, a permis d’augmenter sensiblement le nombre des jeunes scolarisés et se faisant, des locuteurs congolais de la langue française.
Il ne fait donc aucun doute que l’avenir de la Francophonie, à l’horizon 2050, se joue en RDC. Cette position privilégiée nous place devant nos responsabilités au sein de la famille francophone qui compte 88 Etats et Gouvernements.
Pour cette raison, nous n’entendons pas renoncer à notre destin de grandeur au sein de cette communauté et ne tournerons pas le dos à la Francophonie. C’est ce que nous venions de démontrer, l’année dernière, à travers la tenue des 9c jeux de la Francophonie qui sont, sinon les meilleurs, à tout le moins parmi les plus réussis depuis qu’ils existent.
Pour ce faire, il est impérieux et opportun d’évaluer notre appartenance à la communauté, le rôle que nous jouons au sein des instances de la Francophonie, sur les bénéfices que nous en tirons, comme instrument au service des intérêts des Nations qui la composent. Ce qui devra nous permettre de prendre des initiatives efficaces afin de participer davantage au leadership de la Francophonie. C’est pourquoi, en octobre, lors du prochain sommet des Chefs d’État et de gouvernement en France, sans nul doute, la République Démocratique du Congo réaffirmera sa vision de la Francophonie, exprimera ses ambitions, ses desiderata et fera ses propositions pour que l’OIF soit véritablement une organisation des peuples, répondant à leurs aspirations, assurant la promotion de de leurs jeunes et des échanges de toutes sortes entre ses membres, notamment dans les domaines culturels, commerciaux et scientifiques.
La rédaction