Six ans après son départ de la présidence de la RDC, l’ancien Chef de l’Etat, Joseph Kabila s’est adressé à la Nation congolaise, vendredi 23 mai 2025.
« Il y a six ans, je prenais congé de mes responsabilités en tant que Président de la République, Chef de l’État. Et fait inédit dans notre pays, en près de soixante ans d’indépendance, je passais pacifiquement la main à un nouveau Chef d’Etat. Depuis lors, je m’étais imposé un strict devoir de réserve, y compris quand j’ai fait l’objet, directement ou par mes proches interposés, de provocations, de déni des droits, d’humiliations, d’imputations dommageables et d’autres multiples atteintes à ma dignité… J’ai décidé de briser le silence, parce qu’au vu de la situation que traverse notre pays, continuer à me taire, m’aurait rendu poursuivable devant le tribunal de l’histoire, pour non-assistance à plus de cent millions de compatriotes en danger », a-t-il déclaré d’emblée.
Dans son harangue, l’autorité morale du Front Commun pour le Congo (FCC) a dépeint un tableau sombre de la situation sécuritaire, politique et socio-économique du pays. Il a sévèrement critiqué la gestion de son successeur, Félix Tshisekedi, marquée selon lui, par le recul de la démocratie; les violations constantes de la constitution; l’instrumentalisation de la justice; les détournements massifs et la répression et les arrestations arbitraires des opposants. Pour lui, tout est au rouge sous Tshisekedi.
Face à cette situation, le sénateur à vie a formulé une proposition de 12 points afin de trouver des solutions durables à la crise et de sortir le pays dans le gouffre.
Joseph Kabila explique que ces recommandations résultent d’une réflexion personnelle sur la crise en cours après avoir consulté des Chefs d’États et des anciens Chefs d’États de la région, ainsi que des acteurs politiques et sociaux, nationaux et étrangers.
« Je fais ce jour, une proposition qui engage la nation toute entière à un sursaut patriotique pour un pacte citoyen, afin de tirer le pays du gouffre », a-t-il martelé.
Voici les 12 points de cette proposition:
- Mettre fin à la dictature, mieux, à la tyrannie ;
- Arrêter la guerre ;
- Rétablir l’autorité de l’État sur toute l’étendue du territoire national ;
- Restaurer la démocratie en revenant aux fondamentaux d’un véritable État de droit ;
- Rétablir les libertés fondamentales ;
- Réconcilier les congolais et reconstruire la cohésion nationale ;
- Relancer le développement du pays par la mise en place d’une bonne gouvernance économique, d’une gestion administrative et financière orthodoxe, et d’une répartition équitable des ressources nationales;
- Relancer le dialogue sincère et permanent avec tous les pays voisins en vue de l’instauration de la paix et du développement durables dans la région ;
- Rétablir la crédibilité du pays auprès des partenaires, aux niveaux tant régional, continental qu’international ;
- Neutraliser tous les groupes armés nationaux et étrangers, et, rapatrier ces derniers dans leurs pays d’origine ;
- Mettre définitivement fin au recours et à l’utilisation des mercenaires , conformément à la Convention de l’Union Africaine sur l’élimination du mercenariat en Afrique, du 3 Juillet 1977, et àla Résolution de l’Assemblée Générale des Nations Unies numéro A/44/34, du 04 Décembre 1989, portant adoption de la Convention Internationale contre le recrutement, l’utilisation, le financement et l’instruction des mercenaires; et rapatrier, sans condition, ceux qui sont déployés sur le sol congolais ;
- Ordonner le retrait, sans délai, de toutes les troupes étrangères du territoire national. A ce sujet, je salue la décision sage, des pays de la SADC, de retirer les troupes de la SAMIDRC de notre pays.
Le discours de Joseph Kabila intervient 24 heures après que le Sénat a décidé à la justice militaire d’engager les poursuites judiciaires à son encontre et ce, après la levée de son immunité parlementaire.
Mont Carmel Ndeo