La récente sortie médiatique de l’ancien ministre des Finances, Nicolas Kazadi mettant en lumière la gestion opaque des finances publiques, continue à défrayer la chronique en République démocratique du Congo.
Au cours d’une interview en Lingala, l’une des langues nationales de la RDC, l’ancien argentier national a dénoncé sans tergiverser, l’indiscipline budgétaire et l’explosion des dépenses publiques sous le régime Tshisekedi.
« Nous avons une culture de la jouissance immédiate. Quand il y a de l’argent, on se le partage d’abord, puis on réfléchit après. Lorsqu’un projet reçoit des fonds, ils sont répartis avant même d’en définir les besoins réels. C’est là le cœur du problème : les budgets de fonctionnement sont détournés en primes, et la réflexion sur leur utilisation arrive trop tard », s’est-il indigné.
Depuis lors, plusieurs voix notamment Martin Fayulu, ont appelé à l’interpellation de Nicolas Kazadi, actuellement député national, après avoir été écarté du gouvernement.
Cependant, le président national du parti politique Alliance pour le Changement (ACh), Jean-Marc Kabund ne partage le même avis. Pour cet opposant, ancien secrétaire général puis président intérimaire de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), parti politique du Président Tshisekedi, la justice congolaise devrait enquêter sur les actes dénoncés plutôt que sur le dénonciateur.
« Ceux qui réclament l’arrestation de Nicolas Kazadi se trompent de cible. Il dénonce des faits graves. Il faut enquêter sur les actes, pas sur le dénonciateur. Qu’il serve d’informateur à la justice, pas de bouc émissaire. Si des faits graves sont révélés, c’est sur eux que la justice doit se pencher, pas sur celui qui les dénonce », a déclaré Jean-Marc Kabund, ancien premier vice-président de l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo.
Lors de la sortie officielle de son parti politique le 18 juillet 2022, Jean-Marc Kabund avait fait des révélations accablantes sur la kleptocratie et l’enrichissement illicite des animateurs du pouvoir en place. Il avait révélé que des centaines de millions de dollars américains sont transportés dans des jets privés vers des paradis fiscaux.
« Parler de mon enrichissement, c’est une bêtise humaine que de parler des histoires comme ça; tout le monde sait dans ce pays un député national, au bout d’un mandat, il peut se construire des maisons, n’ai-je pas dénoncé le train de vie excessif des institutions? L’assemblée nationale est l’une des institutions les plus budgétivores, j’en fais partie, mais quoi de plus normal que je puisse construire une maison où j’habite ? Quand je parle de détournement, les gens doivent comprendre que ce n’est pas une maison, c’est de centaines et de centaines de millions de dollars placés dans des paradis fiscaux, placés dans les multinationales, c’est des espèces sonnantes qui quittent le pays dans des jets privés, on doit comparer ça avec ma petite maison dans le faubourg de Kinshasa », avait-il asséné.
Ces révélations lui avaient valu la condamnation et la détention à la prison centrale de Makala, peu avant d’être bénéficiaire d’une liberté confidentielle en 2025.
Mont Carmel Ndeo