L’épée de Damoclès est toujours suspendue sur le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), parti politique de l’ancien Président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila. Déjà interdite de fonctionner sur toute l’étendue de la RDC, cette formation politique de l’opposition risque d’être dissoute.
Dans un document révélé par Jeune Afrique, le vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, Sécurité, Affaires coutumières et Décentralisation, Jacquemain Shabani Lukoo a officiellement saisi le procureur général près la Cour constitutionnelle pour obtenir la dissolution du PPRD ce, après l’expiration de la suspension temporaire.
Dans son courrier, le chef de la Territoriale accuse ce parti politique d’opposition de soutenir ouvertement et de légitimer l’agression du pays par le Rwanda, via son proxy, le mouvement politico-militaire Alliance Fleuve Congo, présentée comme branche politique du M23 et dont la paternité est attribuée à Joseph Kabila.
Pour étayer ses accusations, le ministre Shabani brandit la tribune publiée dans The Sunday Times, interprétée comme une tentative de disculper le M23, ce groupe « terroriste » qui contrôle Goma, Bukavu et plusieurs localités au Nord et au Sud-Kivu. À cela s’ajoutent des propos qualifiés de subversifs d’Aubin Minaku, vice-président du parti, qui aurait déclaré lors d’une manifestation en février que le PPRD était « prêt à tout » pour faire tomber le pouvoir.
« Le Salut du peuple congolais étant la Loi Suprême, je suis tenu de dissiper fusion intentionnellement entretenue. On ne peut pas, sous couvert de parti politique se livrer à un activisme de haute trahison pour son pays. Tous ces actes, tous ces propos et attitudes tendant à appuyer ouvertement et à légitimer l’agression du pays et le massacre de la population congolaise, constitue une trahison pour le pays », écrit Jacquemain Shabani qui accuse Kabila de manquement à son devoir de réserve et de loyauté envers la République.
« Pour toutes ces raisons, qu’il vous plaise, de bien vouloir instruire et saisir la juridiction compétente en vue de prononcer la dissolution du parti politique Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie, « PPRD » en sigle. Et vous ferez justice », a-t-il martelé .
Dans son communiqué annonçant la suspension des activités du PPRD, le chef de la Territoriale justifiait sa décision par l’attitude « ambigüe » du président honoraire, sénateur à vie et autorité morale de cette formation politique qui, face à l’occupation d’une partie du pays par l’armée Rwandaise et ses supplétifs de l’AFC-M23, n’a jamais condamné cette agression.
Joseph Kabila est également visé pour les infractions liées aux « crimes de guerre, crimes contre l’humanité, à la haute trahison, ainsi qu’à sa participation à un mouvement insurrectionnel ».
Fin avril, l’auditeur général des forces armées de la RDC a déposé au Bureau du Sénat, un réquisitoire visant à obtenir l’autorisation de poursuites et la levée des ses immunités du sénateur à vie.
Mont Carmel Ndeo