Le Prix Nobel de la paix 2018, Denis Mukwege a appelé le gouvernement à capitaliser le nouveau positionnement de la RDC, élue membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, pour faire avancer la mise en œuvre de la justice transitionnelle.
Réagissant à la brillante élection de la RDC lors de la plénière du 03 juin dernier, l’ex candidat à la présidentielle de décembre 2023 a laissé entendre que cette occasion est donnée au gouvernement pour établir un tribunal pénal international pour le Congo, afin de mettre un terme à l’impunité et de restaurer durablement la paix après plus de 3 décennies de conflits armés sanglants.
« Après 35 ans, la RDC vient d’être réélue membre non permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU. Coïncidant avec le 15ème anniversaire du Rapport Mapping des Nations Unies et 30 ans après le début des guerres meurtrières en RDC, cette élection offre aux autorités congolaises une occasion historique de faire avancer la mise en œuvre de la justice transitionnelle, spécialement l’établissement d’un tribunal pénal international pour le Congo, afin de mettre un terme à l’impunité et de restaurer durablement la paix dans le pays », a déclaré Denis Mukwege.
Le célèbre gynécologue a également exhorté les autorités à placer les aspirations du peuple notamment celle d’une paix durable, au cœur de son action à l’ONU.
« Après trois décennies de massacres ayant coûté la vie à des millions de Congolais, de centaines de milliers de femmes et de filles violées, et de déplacements internes touchant des dizaines de millions de personnes, nous exhortons les responsables politiques congolais à servir les intérêts des citoyens et à mettre les aspirations de la population au centre de l’action de l’Etat », a souligné Mukwege.
Le fondateur de Panzi estime que la culture de l’impunité alimente la récurrence des conflits et la perpétuation des crimes les plus graves, notamment ceux à caractère sexuels et sexistes, et constitue un obstacle majeur à l’instauration d’un Etat de droit et au rétablissement d’une paix durable en RDC.
Dans une note de plaidoyer pour l’adoption d’une stratégie nationale holistique de justice transitionnelle en RDC, Denis Mukwege a insisté sur la nécessité de combiner des mécanismes judiciaires et non judiciaires complémentaires, et de prioriser les poursuites judiciaires pour mettre fin à l’impunité et les réformes institutionnelles pour garantir la non répétition.
Cependant, il déplore l’absence d’une réelle volonté politique du régime en place pour faire avancer la justice transitionnelle en RDC.
Pour étayer son point de vue, Mukwege précise que le programme d’actions du gouvernement pour 2024-2028 ne contienne qu’une mention« cosmétique » à la justice transitionnelle.
« Malgré le lancement d’un processus de consultation populaire sur la justice transitionnelle sous l’impulsion du ministre des Droits humains en 2022 et la mise en place d’un comité scientifique chargé de l’élaboration du projet de politique nationale de justice transitionnelle en RDC, cette politique n’a toujours pas été adoptée 14 ans après la publication du rapport par les Nations unies », avait déploré Denis Mukwege dans une déclaration faite en octobre 2024.
Mont Carmel NDEO