A l’instar de Jean-Marc Kabund, ancien patron du parti présidentiel, UDPS, l’opposant Seth Kikuni est favorable à une solution politique pour la résolution définitive de la crise sécuritaire, dans un contexte marqué par l’avancée des rebelles du M23 dans l’Est du pays.
Au cours d’une interview accordée à Jeune Afrique, le candidat à la présidentielle de décembre de 2023 estime que la crise sécuritaire actuelle est la conséquence de l’absence d’un dialogue.
« Nous sommes dans un contexte de violence et de déplacement massif de nos populations. Et cette violence résulte du manque de dialogue. Je ne peux concevoir qu’il y ait des gens qui estiment qu’il est plus judicieux de punir le dialogue au lieu de sanctionner la violence. Israël et Hamas se parlent. Les Russes et les Ukrainiens vont se parler », a déclaré Seth Kikuni, à peine libéré de la prison de Makala.
Dans cette logique, le président national de PISTE pour l’émergence a critiqué la politique sécuritaire mise en place par le gouvernement congolais depuis la chute de la cité stratégique de Bunagana en 2022. A l’en croire, le pouvoir en place n’a proposé aucune piste de solution alors que les localités continuent à tomber dans les mains du M23 et ses alliés.
« La seule chose que nous avons apprise depuis ce temps, c’est que nous sommes agressés par le Rwanda, que l’AFC/M23 est un supplétif du Rwanda, une coquille vide, un mouvement terroriste. Mais qu’est ce que ce narratif de déni et cette politique de contentement d’une partie de l’opinion a produit comme résultat? Nous sommes tous d’accord que l’AFC/ M23 est un mouvement qui recourt aux armes sur base de certaines convictions. Si la priorité aujourd’hui, c’est lui dire de ne pas utiliser les armes, il faut que nous puissions susciter la conviction selon laquelle son problème peut être résolu par le dialogue », préconise Seth Kikuni avant de souligner que « si le régime poursuit ses efforts de qualifier l’AFC/M23 comme simplement supplétif du Rwanda, coquille vide, ce mouvement connaîtra de beaux jours ».
Pour Seth Kikuni, le gouvernement Congolais doit tenir compte des revendications de ce mouvement rebelle afin de trouver une solution à la crise.
« Si j’étais de l’AFC/M23, c’est ce genre de narratif que je souhaiterais entendre. Sinon, sans ce narratif de déni de leur existence et de leurs revendications, quelle serait encore leur raison d’être? Aujourd’hui, nier l’existence de l’AFC/M23 et ignorer leurs revendications, c’est renforcer son fétichisme, c’est le rendre plus compact, plus irréductible et plus populaire », a-t-il poursuivi.
Peu avant l’interview de Seth Kikuni, l’opposant Jean-Marc Kabund avait également souligné la nécessité d’opter pour la voie diplomatique pour résoudre cette crise sécuritaire à la base de la détérioration de la situation humanitaire dans les provinces du Nord et Sud-Kivu.
Cependant, le Président Tshisekedi signe et persiste qu’aucun dialogue direct ne sera accordé à l’AFC-M23. Pour lui, les négociations avec les rebelles en dehors du processus de Nairobi, est une « ligne rouge » que la RDC ne franchira pas.
Mont Carmel