Le journaliste congolais, Claude Pero Luwara est entre le marteau et l’enclume. Alors qu’au pays, le ministre de la Justice, Constant Mutamba a mis à prix un sa tête, l’ex présentateur de Digital Congo est également traduit en justice en Belgique, où il est exilé.
Le plaignant n’est nul autre que le ministre congolais des Sports, Didier Budimbu. Il lui reproche d’avoir tenu des propos « calomnieux, diffamatoires et injurieux ».
Cette révélation a été faite par son avocat belge, au cours d’une conférence de presse animée à Bruxelles.
« À côté de cette mise à prix, ce communiqué du ministre de la Justice, je ne peux pas ne pas évoquer la nouvelle qui est tombée. En effet, Pero Luwara fait face à une plainte pénale avec constitution de partie civile en Belgique d’un autre ministre du gouvernement congolais, Didier Budimbu qui a déposé plainte entre le main d’un juge d’instruction du chef de calomnie, diffamation, injure et divulgation méchante simplement parce qu’il relate la vérité après un travail d’enquête sur les agissements des autorités congolaises », a déclaré Alexis Deswaef.
L’avocat estime que son client est victime d’intimidations de dignitaires du pouvoir politique en place, pour avoir fait son travail de journaliste, dénonçant les antécédents judiciaires du plaignant.
Pour lui, c’est au nom de la liberté d’expression garantie par la Cour européenne des droits de l’homme, que le journaliste a fait ses révélations.
« Je rappellerai au plaignant, le ministre des Sports et ancien ministre des Hydrocarbures, sauf erreur de ma part, avec un passé qui pose quelques questions parce que j’aurai une plainte et je devrais aller m’expliquer auprès du bâtonnier alors que je fais mon travail d’avocat, mais je rappellerai à ce ministre des Sports qui a peut-être a vu ses compétences en matière sportive perdues, ses réflexes de l’État de droit et justice, que la jurisprudence clairement établie ici en Europe de la Cour européenne des droits de l’homme consacre ce qu’on appelle la liberté d’expression qui protège je cite: les propos qui choquent, qui heurtent et qui blessent », a-t-il asséné.
« Alors certes il a peut-être été choqué, heurté, voire blessé par des propos tenus par mon client qui a fait son travail de journaliste, mais ne dit-on pas souvent qu’il n’y a que la vérité qui blesse ?Et donc je le renvoie vers cette jurisprudence », a-t-il poursuivi.
De plus, l’avocat de l’ancien journaliste de Digital Congo, explique que le ministre Didier Budimbu, ayant gardé sa nationalité belge malgré sa nomination en tant que membre du gouvernement congolais, est justiciable en Belgique.
« Monsieur Budimbu ne doit pas oublier, sauf erreur de ma part, qu’il a la nationalité belge ce qui fait que la justice belge est compétente pour juger les crimes qui seraient commis à l’étranger ou au départ de l’étranger même en son absence. Il peut le voir comme un avertissement, mais je pense que et on l’a vu dans le passé de nombreuses autorités congolaises ont oublié lors de leur retour à Kinshasa de renoncer à leur nationalité belge, ont cru qu’elles avaient toujours la nationalité congolaise, c’est étonnant qu’un avocat belge doit les rappeler que la nationalité congolaise est une et exclusive c’est-à-dire si on obtient une autre, on la perd. Ce n’est pas simplement parce qu’on retourne au pays et qu’on renonce même devant ses propres autorités à sa nationalité belge qu’on perd la nationalité belge et qu’on récupère la congolaise. Non, on ne peut renoncer à la nationalité belge que devant les autorités belges. Tout autre renonciation même publiée au Journal officiel et j’en ai vu des publications qui m’ont fait sourire, c’est juste de la blague. On l’a vu avec l’ancien patron des renseignements militaires ex DEMIAP, le général Christian Ndaywel qui a la nationalité belge et qui est poursuivi en Belgique pour des crimes commis au Congo, et visiblement il y en a d’autres. Cependant personne à Kinshasa ne tire des leçons de mes aventures du Général Christian Ndaywel », a-t-il relaté.
En cavale, le journaliste Pero Luwara est recherché en République démocratique du Congo. Accusé de soutenir le mouvement AFC/M23, le ministre de la Justice a récemment annoncé la saisie immédiate de propriétés lui appartenant.
En outre, Constant Mutamba a annoncé une récompense de 4 millions de dollars américains pour des informations menant à son arrestation.