À l’occasion du 12ème anniversaire de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba, le Dr DENIS MUKWEGE, célèbre gynécologue et défenseur des droits de l’homme, a exprimé́ des préoccupations majeures concernant la situation sécuritaire en République Démocratique du Congo (RDC). Dans une déclaration forte ce mardi 25 février 2025 dont une copie parvenue à la rédaction de FOXTIME.CD, il a souligné́ le non-respect des engagements pris par les signataires de cet accord crucial pour la paix et la coopération dans la région.
Le Dr MUKWEGE a rappelé́ que l’Accord-Cadre, signé en 2013, visait à instaurer un climat de paix durable en RDC et à mettre fin aux violences récurrentes qui frappent le pays. Cependant, il a dénoncé́ l’absence de progrès significatifs, notamment en ce qui concerne les appels répètent au cessez-le-feu immédiat et au retrait sans condition des zones occupées par l’armée rwandaise et le mouvement rebelle M23.
Le Dr MUKWEGE a appelé́ la communauté́ internationale à prendre des mesures concrètes pour faire respecter l’Accord-Cadre et protéger les populations civiles, qui continuent de souffrir des conséquences de cette instabilité́. Il a souligné́ que la paix en RDC est essentielle non seulement pour le pays, mais aussi pour la stabilité́ de toute la région des Grands Lacs.
« La République Démocratique du Congo (RDC) subit une menace existentielle sans précédent depuis plus de 25 ans de crise avec l’agression du régime de Kigali et l’invasion de larges pans du territoire national qui prend le visage d’une annexion avec la mise en place d’administrations parallèles illégitimes, en violation de la Charte des Nations Unies et du droit international et en méprisant les appels au cessez-le-feu et au retrait des forces d’occupation. C’est dans ce contexte alarmant que nous profitons du 12° anniversaire de l’Accord-Cadre pour la paix, la sécurité́ et la coopération en RDC et dans la région, signé à Addis Abeba le 24 février 2013, pour réaffirmer qu’il s’agit du seul accord de paix visant à traiter des causes profondes de la violence armée et de l’instabilité́. Il y a urgence à revitaliser l’« Accord de Espoir », où l’État congolais, les pays de la région et la communauté́ internationale s’étaient rassemblés pour parvenir à une paix durable en RDC et dans la région des Grands Lacs africains en adoptant une série d’engagements dont la mise en œuvre effective devait être facilitée par des mécanismes de suivi aux niveaux national, régional et international pour consolider une stratégie pour la paix et le développement. Malgré́ l’espoir suscité, les promesses sont loin d’être réalisées : il est regrettable de constater que le manque de volonté́ politique des autorités congolaises couplé à la mauvaise foi des Etats déstabilisateurs de la région et au déficit de mobilisation diplomatique des institutions co-gérantes aient abouti au pourrissement d’une situation qui menace aujourd’hui la paix et la sécurité́ internationales. » Peut-on lire sur le document rendu public en ce jour par le docteur DENIS MUKWEGE.
Et de poursuivre :
« Il n’est jamais trop tard pour agir et adopter des mesures urgentes et décisives pour faire pression sur les forces d’agression et d’occupation et endiguer l’escalade de la crise. Les pays et les institutions partenaires de la RDC, notamment les co-gérants de l’Accord-Cadre, ne peuvent plus accepter ou tolérer ces violations flagrantes du droit international sans réagir avec fermeté́. Le temps est venu de passer des paroles aux actes. A l’instar des tous les peuples, la Nation congolaise a le droit de disposer d’elle-même, et de vivre en paix. Le non-respect des engagements pris par les signataires de l’Accord-Cadre ainsi que des appels répètes au cessez-le-feu immédiat et au retrait sans condition des zones occupées par l’armée rwandaise et du M23 doivent impérativement être assortis de sanctions vigoureuses et de la suspension de la coopération militaire et sécuritaire par tous les Etats et les institutions qui bénéficient de leviers sur les parties au conflit. » A-t-il ajouté
Cette déclaration intervient alors que la situation sécuritaire en RDC reste préoccupante, avec des rapports faisant état de violences persistantes et de violations des droits de l’homme. Le Dr MUKWEGE, lauréat du prix Nobel de la paix, a toujours été́ un ardent défenseur des droits des victimes de violences sexuelles et a plaidé́ pour une justice durable en RDC.
Les appels à l’action du Dr MUKWEGE résonnent dans un contexte où la communauté́ internationale est souvent critiquée pour son inaction face aux crises humanitaires. Les prochaines semaines seront cruciales pour déterminer si des mesures concrètes seront prises pour faire respecter. Les engagements de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba et garantir un avenir pacifique pour la RDC et ses citoyens.
HERVE KABWATILA