Lors d’un briefing de presse tenu le mardi 04 mars 2025 à Kinshasa, Raïssa Malu, ministre d’État en charge de l’Éducation nationale et nouvelle citoyenneté, a révélé que près de 2.500 écoles dans les provinces du Nord et Sud-Kivu sont gravement affectées par l’agression rwandaise. Cette déclaration a été faite lors d’une conférence conjointe avec le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, qui a mis en lumière l’impact dévastateur de cette situation sur le système éducatif local.
La ministre Malu a souligné que la violence et l’insécurité persistantes dans ces régions ont conduit à la fermeture de nombreuses écoles, privant ainsi des milliers d’enfants de leur droit à l’éducation. « L’éducation est un droit fondamental, et il est inacceptable que des enfants soient contraints de renoncer à leur avenir en raison de conflits armés », a-t-elle déclaré.
Les provinces du Nord et Sud-Kivu, déjà fragilisées par des décennies de conflits, font face à une escalade de la violence, exacerbée par l’intervention rwandaise. Selon les autorités, cette situation a non seulement entraîné des déplacements massifs de populations, mais a également eu des répercussions sur la qualité de l’éducation, avec une pénurie de ressources et de personnel enseignant.
Le ministre Muyaya a également pris la parole pour dénoncer les conséquences de cette agression sur la société congolaise dans son ensemble. « Nous devons nous unir pour défendre notre souveraineté et protéger nos enfants. L’éducation est la clé de notre développement, et nous ne pouvons pas laisser la violence compromettre l’avenir de notre nation », a-t-il affirmé.
Face à cette crise, le gouvernement congolais a lancé un appel à la communauté internationale pour obtenir un soutien urgent afin de rétablir l’accès à l’éducation dans ces provinces. Des initiatives sont en cours pour fournir des abris temporaires et des ressources éducatives aux enfants déplacés, mais les défis restent immenses.
« Près de 2.500 écoles sont affectées par l’agression rwandaise dans les provinces du Nord et Sud-Kivu. 1, 4 millions d’élèves sont affectés par cette situation (guerre d’agression rwandaise au Nord et Sud-Kivu). On a des écoles qui ont été détruites suite aux bombardements. Des centaines d’écoles sont occupées par les groupes armés. On a aussi eu à déplorer une école qui aurait servi de cimetière, on a des écoles pour lesquelles les tableaux ont été détruits, les bancs ont également été détruits, servant de bois de chauffe, les portes des latrines, etc. Et donc ici vous comprenez que cette situation de guerre met à mal le travail qui a été réalisé ces dernières années pour améliorer les conditions d’enseignement et d’apprentissage. C’est extrêmement dur de voir une école détruite, sachant tous les efforts que l’on met pour pouvoir en construire une. Pour ce qui est de l’utilisation des langues nationales à l’enseignement, ça a été mon combat de ces dernières années. Je suis le premier défenseur de l’utilisation des langues nationales parce que si je veux améliorer l’enseignement des sciences et des mathématiques, pour moi il faut que ça passe notamment par l’utilisation des langues. Vous savez que nous avons reformé les programmes des sciences et des mathématiques au niveau du cycle terminal et des humanités, et donc on a fait traduire les outils pédagogiques de ces nouveaux programmes dans les quatre langues nationales. » A déclaré Raïssa Malu, ministre d’Etat en charge de l’Education nationale et nouvelle citoyenneté de la République démocratique du Congo.
Et d’ajouter :
« Nous travaillons avec des partenaires financiers et humanitaires. On va mettre en place un enseignement à distance parce que la priorité maintenant c’est comment définir l’essentiel. Les écoles sont poussées à réouvrir mais évidemment avant d’ouvrir une école, on doit s’assurer que les conditions de sécurité soient assurées, donc il y a une fiche qui permet de vérifier ces conditions là. Il y a des écoles qui ouvrent on le voit bien, la majorité le font mais on voit que les parents gardent encore majoritairement leurs enfants à la maison. Donc on a une présence autour de 50 % des enfants dans les écoles, ce qui montre bien qu’effectivement le sentiment d’insécurité reste très élevé pour les parents qui gardent encore leurs enfants. Nous, ce que nous préconisons, c’est vraiment la sécurité des élèves et des enseignants. Donc avant qu’une école ne reçoive le feu vert de pouvoir réouvrir, il faut que les conditions de sécurité soient assurées. Mais au-delà des infrastructures, le plus important c’est l’enfant, l’élève. Dans leurs têtes, cet impact est beaucoup plus grave qu’une école détruite, qu’un banc utilisé. Je voudrais que nous ayons tous conscience que c’est un double crime », a indiqué Raïssa Malu
Alors que la communauté internationale continue de suivre de près la situation dans l’est de la République Démocratique du Congo, les autorités congolaises insistent sur la nécessité d’une action concertée pour mettre fin à l’agression et restaurer la paix, afin de garantir un avenir meilleur pour les générations futures.
HERVE KABWATILA